Dans ce double lieu (La Chaouée et La Boussole), la solidarité et la culture sont les maîtres-mots. Il suffit de pousser la porte pour passer d’une salle de spectacles à un magasin participatif.
« Il n’y a pas une salle qui fait ça ! », affirme Grégory Amen, le responsable de l’association Pas Assez. À deux pas de la Porte des Allemands, ce local particulier ouvre les siennes à tout le monde. En remettant une pointe de miel dans son infusion, Grégory explique que cet endroit alternatif se compose en deux parties. Le bar associatif d’abord, qui accueille toutes sortes de concerts et expositions, l’épicerie solidaire ensuite.
« La Chaouée » ainsi que « La Boussole » sont donc tenues par l’association Pas Assez, agréée Education Populaire, au même titre que les centres de loisirs. Elle a un rôle éducatif, puisque chacun apporte son expérience, son art, crée des échanges, le plus souvent autour d’une boisson locale. L’aspect humain est central ici. La démarche générale est anticapitaliste, et prône la transition écologique. L’association s’est lancée en 2003 par une bande d’amis qui voulaient vivre autrement.
La Boussole, pour ne pas perdre le Nord
L’épicerie solidaire est partenaire de producteurs locaux, en circuits courts. La boutique vend aussi des créations originales, afin de récolter de l’argent et financer des projets humanitaires (une école d’artisanat au Burkina Faso, l’entretien d’un village en Egypte qui souffre du passage des touristes..)
En partenariat avec la Banque alimentaire et Proxidon, la Boussole a aussi une mission caritative. « La distribution de bouffe, c’est pas que pour les personnes en précarité. Un jour tu démissionnes, tu pars de chez tes parents, où n’importe quoi, et t’as besoin d’un lien social, d’une aide », explique Gregory. Il avance que sa distribution fait gagner 150 euros de budget mensuel aux plus nécessiteux, étudiants seuls ou familles entières.
L’association Pas Assez récupère les produits consommables mais gaspillés par les cantines, supermarchés ou autres commerces. Les bénévoles estiment qu’il y a de la nourriture pour tout le monde, et qu’elle doit être partagée. « Le nouvel Aldi jette environ 200 kilos par jour, on pourrait faire plus de 300 repas quotidiens », pointe Grégory Amen.
La Boussole se transformera d’ici quelques semaines en un magasin gratuit et ouvert à tous. Chacun aura un poids maximum, mais pourra repartir librement avec les produits qu’il veut. « Attendre en file son panier de produits alimentaires, c’est pas idéal pour la dignité. On voulait remédier à ça. C’est plus juste. » conclut le responsable. Depuis 4 ans, 45 tonnes ont été distribuées.
La Chaouée, « une idée de partage »
Scène, piste de danse, régie et instruments : La Chouée dévoile tout le nécessaire pour ses évènements musicaux. Au rez-de-chaussée, du parquet, un piano et des plantes entourent le petit bar. À côté de l’épicerie, ce n’est pas simplement un café associatif : « Même si on ne le dit pas, on est une mini salle de concert ». Tous les jeudis, une jam session rythme la soirée, des ateliers pianos égaient les lieux le mardi. En novembre, tous les spectacles sont déjà programmés.
Fontaine de références littéraires, Grégory revient sur l’aspect alternatif et créatif du lieu. Les artistes viennent du monde entier, conquis par le personnage et son projet. Des conférences plus ou moins engagées se tiennent également.
Une véritable communauté se forme autour de ces lieux. Que ce soit pour les concerts ou la nourriture, il y a toujours du monde. Un peu moins de l’autre côté du comptoir, car Grégory déplore le faible nombre de bénévoles. Une trentaine d’inscrits mais peu sont réellement présents. « Il suffirait de deux heures par mois et par personne et le calendrier serait bouclé », ajoute-t-il. « Honnêtement, je ne sais pas comment on s’en sort ! » En réalité, l’association perdure surtout parce que Gregory ne compte pas ses heures, parfois cinquante par semaine.