Le scénario de “Toutes nos envies” peut sentir la recette du long-métrage dramatique “déjà-vu” en mêlant maladie incurable, combat contre le système et derniers moments de vie. Et pourtant, ce film fait mouche.
Claire, jeune juge au tribunal de Lyon, rencontre Stéphane, juge chevronné et désenchanté, qu’elle entraîne dans son combat contre le surendettement. Quelque chose naît entre eux, où se mêlent la révolte et les sentiments, et surtout l’urgence de les vivre.
Mais ce thème du surendettement n’est pas la seule source dramatique du film. Claire, l’héroïne incarnée par l’excellente Marie Gillain, est atteinte d’une tumeur au cerveau. Cette maladie ne lui laisse que quelques mois à vivre puisqu’elle refuse tout traitement. Sa soif de justice et sa récente amitié avec cette femme endettée la poussent à tout prix à trouver une faille dans le système afin de venir en aide à ces gens littéralement étranglés par leurs prêts. Au fil de l’histoire, son état empire, mais sa combativité et sa motivation n’en sont que plus renforcées. Le charme de Marie Gillain ajouté à cela, et on se retrouve très rapidement fortement lié à elle et à sa mission. Le magistral Vincent Lindon n’est pas en reste et s’avère extrêmement humain et crédible dans son rôle de juge et d’ami. Notons aussi les très bonnes performances des seconds rôles Amandine Dewasmes et Yannick Renier.
Devant une telle détresse et un jeu d’acteurs remarquablement émouvant, impossible de ne pas sortir touché de la salle. Même si ce film s’attaque principalement aux mauvais côtés de l’homme et à son système prêt à sacrifier des vies sur l’autel de la consommation, ce que l’on retient le plus à la fin c’est bel et bien cette humanité et cette générosité qui transpirent littéralement des personnages principaux.
“Toutes nos envies”, inspiré du roman “D’autres vies que la mienne » d’Emmanuel Carrère, est sorti en salle le 9 novembre. Moins marquant et médiatisé que “Je vais bien ne t’en fais pas”, il n’en est pas pour autant moins bon et fort. Pourtant peu friand des films dramatiques en temps normal, je ne regrette pas ces deux heures devant la toile. Une œuvre qui mérite d’être vue pour le message qu’elle véhicule et surtout pour ce jeu d’acteur irréprochable.
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