François Fillon, unique Premier ministre de la présidence de Nicolas Sarkozy, était lundi soir à Metz pour un meeting de campagne. A moins d’une semaine du premier tour de la primaire de la droite et du centre, qui doit élire un présidentiable parmi sept, le Sarthois place ses pions.
L’ancien chef de gouvernement, resté indéboulonnable de son poste pendant 5 ans se retrouve aujourd’hui en bonne position, celle de l’outsider, dans la primaire de la droite et du centre. Mais le Sarthois l’affirme, « il faut faire mentir les sondages. » En Moselle, ses soutiens, dont Gérard Longuet, vont dans le même sens. « Nous avons bien vu ce que les sondages prédisaient pour le Brexit, pour la présidence des États-Unis. Nous pouvons les faire mentir. » Dans cette possibilité résonnerait presque une obligation, tant ses soutiens martèlent que François Fillon est le président pour la France, loin de postures sondagières et que son programme est pragmatique et sensé.
C’est au milieu de 700 personnes, au centre des Congrès de Metz, que le candidat à la primaire se place comme le candidat presque naturel à la course à la présidentielle du printemps 2017. Dans un décor loin d’être le plus clinquant, François Fillon fait du François Fillon, terre à terre, austère, mais toujours semble-t-il sincère. Et c’est sans doute là la plus grande force de l’homme politique : croire en ce qu’il dit même quand il est persuadé d’avoir tort ou quand il fait du populisme pour ramasser des voix. L’outsider croit encore en ses chances. A Metz, il le clame. « La campagne va aller jusqu’au bout, elle va aller jusqu’au 27, jusqu’à la victoire ! »
Technique du sous-marin
S’il peut paraître moins à droite que certains de ses concurrents dans la primaire, c’est sans doute une posture électorale qui lui permet de recueillir des intentions de vote. Parce qu’au fond, son programme est profondément ancré dans un statut : celui du candidat qui parviendra à redonner confiance à « un pays qui déprime, qui n’a plus confiance en lui. » Sur la forme, il joue l’apaisement, jusqu’à mettre souvent de côté ses adversaires. Sur le fond, il tacle les bilans de François Hollande, mais aussi de Nicolas Sarkozy. Dont il semble oublier qu’il a été le bras droit pendant un mandat.
Son programme n’a rien de bien compliqué : réduire les dépenses publiques, « de 100 milliards d’euros sur cinq ans », en finir avec les 35h « qui ont fait tellement de mal à la France », redorer le blason du pays à l’étranger. « Ma conviction », dit-il « c’est que la France a encore des choses à dire au monde, mes amis, en raison de son histoire millénaire, de sa culture. La France doit parler à tout le monde. » François Hollande est encore la cible des invectives. Le président actuel « n’est pas au cœur des débats, il n’est plus écouté. La France a subi une défaite dans le monde et en Europe. »
Punchline sur tapis bleu
Mais là où le candidat ne se démarque pas de ses concurrents, c’est dans l’usage de la petite phrase, de la pique qui tombe -souvent, reconnaissons-le- bien. Le président joue ici le rôle du mannequin crash-test. « Le seul qui voudrait bien voir un match retour de 2012, c’est François Hollande lui-même. Je suis d’avis que, s’il le pouvait, il prendrait son casque, son scooter et irait voter pour Sarkozy dimanche. » Et, même si les attaques sont faciles, le public est conquis. Sur un tapis bleu, l’ancien ministre de l’éducation nationale le scande, comme un mantra, « il faut rétablir l’autorité de l’État. » Comment ? « En changeant de président de la République », tonne-t-il. »Il n’a jamais eu d’autorité. Le quinquennat a commencé avec Leonarda, une adolescente de 15 ans qui faisait chanter le président pour revenir en France. Il a fini sur Notre-Dame-des-Landes, où des hors-la-loi font régner leur ordre sur un territoire de la République. »
La gauche dans son ensemble est loin d’être à l’abri et le présidentiable table sur une grogne générale de la part de la population. Il arrive à faire huer Najat Vallaud-Belkacem par une grande partie des 700 personnes dans la salle. Il compte aussi sur des valeurs conservatrices pour faire monter une colère contre le PS. « On a parfois l’impression que la gauche n’aime pas la famille. Il semblerait qu’elle soit un obstacle à l’accomplissement de l’être parfait voulu, désiré, par les socialistes. »
Entre invectives et vraies propositions (faire de l’alternance et de l’apprentissage des formations d’excellence, par exemple), François Fillon se positionne comme un candidat pouvant déjouer tous les pronostics. Comme il l’affirme, appuyé de ses soutiens, il est de bon ton de faire mentir les sondages, notamment en 2016.
Religion : petites phrases électorales
La religion, dans cette primaire, semble être le mètre-étalon. Qui n’en parle pas ne peut pas prétendre au sacre. Entre Nathalie Kosciusko-Morizet, qui parle de « koufarisme » et Nicolas Sarkozy qui propose des « double rations de frites à la cantine » pour les enfants juifs et musulmans qui ne mangent pas de porc, François Fillon n’est pas en reste. Il affirme, en Moselle, que l’État n’a pas à payer pour les mosquées parce qu’il ne paye pas pour les églises. Faudrait-il lui rappeler l’existence du concordat ?
Il parle aussi de « la montée de l’intégrisme au sein de la communauté musulmane » avant de préciser que ce n’est pas un « communautarisme« , puisque d’autres religions, comme le bouddhisme, la religion juive ou la religion catholique, où « il n’y a pas de mouvements totalitaires. » Prenons le cas du bouddhisme, religion de paix par excellence. En 2013, Courrier International parle de « bouddhisme haineux. » Sans généraliser, sont pointées les violences faites par une minorité de bouddhistes à l’encontre de musulmans, notamment la minorité Rohingya.