Après le sublime La La Land, Damien Chazelle revient sur les grands écrans avec « First man » en collaboration avec Josh Singer, connu pour ses adaptations historiques (Spotlight, Pentagon Papers). Le 17 octobre, les spectateurs ont redécouvert presque 50 ans après, l’histoire d’un exploit spatial alors jamais réalisé.
Grande combinaison spatial pour l’un et mère au foyer pour l’autre. Le décor des années 60 est planté. Ryan Gosling et Claire Foy jouent des personnages mélodramatiques et brisés par la mort de leur petite fille. C’est donc l’histoire du premier homme ayant marché sur notre satellite naturel, Neil Armstrong, qui est décédé en 2012. Un film adapté du roman biographique de James R.Hansen Le premier homme: à la découverte de Neil Armstrong. Un pilote à la base un peu distrait, qui va vivre pendant huit ans un entraînement drastique pour préparer un voyage dans l’inconnu. Globalement un film proche de la réalité, qui reste fidèle malgré un seul élément scénaristique 100% fictif. (spoiler: le bracelet de sa fille laissé sur la lune)
La bande annonce en VF >
Dans les yeux de Neil Amstrong
Contrairement à Christopher Nolan et ses grands angles, Damien Chazelle a choisi d’embarquer les spectateurs au plus près des pilotes. Des émotions aux écrous rouillés, les gros plans se succèdent sur des visages qui veulent tout dire et des navettes qui ne tiennent qu’à une vis. Le réalisateur a fait le choix de se concentrer sur Neil Amstrong et son parcours en tant qu’astronaute. Les reproches lui seront fait sur des plans un peu fouillis et une lune pas assez réaliste. Mais le but de ce film est avant tout de dévoiler le visage de cet astronaute et sa froideur impénétrable. Avant la science en elle-même de cet exploit. A travers le jeu d’acteur de Ryan Gosling, le spectateur suit le cheminement de ces huit longues années, emplies de deuil et d’échecs. L’histoire nous dévoile un homme meurtri qui essaye de mener une vie normale, la tête toujours dans les étoiles.
Espace et musique
De l’IMAX au 16mm, l’espace et l’intimisme, se confondent. Le réalisateur reste néanmoins flou sur ces choix musicaux : d’un côté de la musique dans l’espace, puis des bruits dans la cabine et quelques silences dans l’espace. La caméra bouge, peut-être beaucoup trop et nous donnerait presque la nausée durant certaines scènes. Mais Damien Chazelle confie dans une vidéo making-of du film : « Je voulais que les spectateurs ressentent la terreur, les secousses ». Sans s’attarder sur les éléments déjà connus de l’événement (phrase connue, drapeau planté), le réalisateur a choisi l’humain même au delà de notre stratosphère. Un choix controversé mais indispensable dans ce biopic. « Je souhaitai proposer une expérience à la première personne », confie t-il dans cette même vidéo.
Dans l’ensemble le film reste en tête. Le cinéaste est parvenu, encore une fois, à nous transporter dans son univers au travers d’une histoire passée. L’oeuvre tient en haleine tout du long et nous fait voyager dans les années 60. Avant tout humain, avant d’être lunaire, First Man prend place dans les registres classiques du film historique et spatial.
Mélina Le Corre