La Cour Suprême mexicaine se réunit ce mercredi pour décider du sort de Florence Cassez. Elle s’était déjà opposée à sa libération en mars dernier. Aucun nouvel élément sérieux n’est apparu, mais l’issue pourrait être différente aujourd’hui.
Le 7 mars 2012, Arturo Zaldívar Lelo de Larrea, rapporteur de la Cour Suprême diffuse un dossier de 145 pages exposant les failles du dossier et demande « la libération absolue et immédiate de Florence Cassez ». Principal argument du juge Zaldívar : la mise en scène de l’arrestation de Florence Cassez, jugée « éloignée de la réalité » aurait faussé le dossier, présentant la Française comme « présumée coupable ». Florence Cassez avait été arrêtée au bord d’une autoroute le 8 décembre 2005, avant qu’une nouvelle interpellation soit orchestrée pour les médias nationaux au ranch d’Israel Vallarta, petit ami de la Française.
Malgré les failles évidentes du dossier, le verdict tombe le 21 mars 2012 : trois des cinq membres de la Cour Suprême s’opposent à la libération de Florence Cassez mais chargent Olga Sánchez de rédiger un nouveau dossier. Une décision saluée par le Procureur Général de la République, qui y voit « une victoire pour le droit des victimes et la lutte contre l’impunité ».
Pas de nouvel élément juridique mais beaucoup d’espoir
Dix mois plus tard, aucun élément juridique nouveau n’est venu bouleverser le dossier. Pourtant, l’issue pourrait être tout à fait différente ce soir. D’abord, l’un des membres de la Cour, particulièrement conservateur et opposé à la libération de Cassez, a pris sa retraite. Il a été remplacé par Alfredo Gutierrez, plus jeune et plus libéral.
Ensuite, le climat entre la France et le Mexique s’est apaisé. Felipe Calderón et Nicolas Sarkozy s’étaient affrontés jusqu’à l’incident diplomatique en 2011, en pleine Année du Mexique en France. Le président mexicain avait même fait du « cas Cassez » une affaire personnelle, cherchant à prouver l’efficacité de son travail dans la lutte contre le narcotrafic. François Hollande et Enrique Peña Nieto, élus en 2012, souhaitent vivement prendre leurs distances avec leurs prédécesseurs.
L’opinion publique a également basculé. Quelques jours avant le jugement de mars dernier, la très influente revue Proceso publiait une liste de « 25 raisons de libérer Florence Cassez » alors qu’en 2005, l’arrestation diffusée en direct sur la télévision nationale avait été saluée unanimement par les médias et les Mexicains. Chacun était alors heureux de pouvoir mettre un visage étranger sur les problèmes de criminalité croissante du pays. Mais les preuves d’orchestration de l’interpellation de Florence Cassez ne font désormais plus aucun doute. Carlos Loret de Mola, présentateur-star de la chaîne nationale Televisa, a même procédé hier à son mea-culpa dans son émission « Primero Noticias ».
« Le 9 décembre 2005, nous avons eu à transmettre l’information de sa capture, dont nous avons su par la suite qu’il s’agissait d’un montage. Ils avaient arrêté la Française un jour avant et les autorités ont simulé une opération comme si elle se déroulait en direct. […] Je ne me suis pas rendu compte de ce montage, de ce piège. Rétrospectivement, avec une analyse plus minutieuse de toutes les images, je crois que j’aurais pu découvrir la tromperie. Dans l’information à chaud, comme l’arbitre de football qui n’a pas accès au ralenti et doit décider sur le coup, je ne l’ai pas fait et je le regrette » a déclaré le présentateur en direct ce lundi 22 janvier.
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