Jusqu’au 31 octobre, le cloître des Récollets à Metz accueille une exposition sur le thème des forêts et des défis du changement climatique. Cette exposition, organisée par l’Office Nationale des Forêts (ONF) du Grand Est, est une façon ludique de partager les enjeux des forêts avec le grand public. L’objectif est de sensibiliser le public sur les menaces et solutions pour assurer la pérennité des forêts de la région.
« La forêt est en très, très grand danger, mais il est invisible ! », c’est le constat alarmant de Lionel Dorveaux, forestier, membre de l’ONF et intervenant à l’exposition située dans l’une des salles du cloître des Récollets. D’une façon très pédagogique et exhaustive, la présentation proposée est un chemin d’affichages boisés expliquant le défi des forêts du Grand Est face au réchauffement climatique. Créée d’une initiative commune entre l’ONF et la Fédération des Communes Forestières, les deux organisations ont jugé cette exposition nécessaire : « Normalement, l’ONF n’organise pas ce genre de choses mais là on s’est rendu compte que dans notre rapport au public, c’était nécessaire d’en parler.», explique Lionel Dorveaux.
Les forêts du Grand-Est en péril
Les spécialistes parlent de “tempête silencieuse”, tant le problème est à la fois important mais aussi visible sur le très long terme. Parmi les tragédies forestières du Grand-Est, Lionel nous raconte le destin des hêtres, ces arbres victimes de la sécheresse qui ne peuvent plus survivre ici. Les pesticides menacent aussi la vie des chênes : leurs feuilles sont mangées par des chenilles processionnaires normalement tuées par des micro-insectes, mais ces derniers ne survivent pas aux produits toxiques.
Certains effets du réchauffement climatique deviennent visibles dans la région. Marie-Odile, visiteuse lorraine de l’exposition, a été sensibilisée par ses propres constatations : “J’ai vu des changements vers Bar-le-Duc notamment avec les sapins. Ils ont été obligés de décimer une forêt entière car les sapins étaient atteints de scolyte, à cause du réchauffement climatique.” C’est notamment à travers leurs propres expériences que les locaux sont venus s’informer au cloître, comme Hervé, qui a vu sa forêt vosgienne s’assécher en quelques décennies.
Des solutions possibles
Cette exposition est, pour l’ONF, l’une des multiples solutions permettant de contrer les problèmes liés au changement climatique. Ces dernières ont pour but de toucher le grand public et s’ajoutent aux nombreuses campagnes de sensibilisation mises en place par les organismes forestiers. « Si le public est déjà informé du comportement à avoir en forêt, alors il y aura déjà une amélioration. Ce qui pèse le plus sur les forêts, ce sont toutes les activités humaines comme par exemple les VTT en forêt, leur passage tasse le sol et détruisent les espèces protégées.» a déclaré le forestier.
La sensibilisation est donc une solution, mais elle n’est pas la seule. En septembre dernier, le président Macron expliquait vouloir planter 1 milliard d’arbres. Cependant, cette promesse, aussi belle soit elle, semble incomplète car elle nécessite davantage de précision. Pour Lionel Dorveaux, le métier de forestier est très complexe et demande bien plus que des moyens : « Si aujourd’hui on me donne vingt millions d’euros je ne sais pas quoi en faire. Parce que même si on a les moyens de planter, qu’est-ce qu’on plante ? Il y a trop d’incertitudes.». La situation devient de plus en plus critique et les prévisions des rapports du GIEC, concernant les forêts du Grand Est, demandent urgemment des solutions. Dans 50 ans, les climats des forêts du Grand-Est seront similaires à ceux des forêts du Sud.
Hugo Lenglet et Malo Simonnet