Délégué du médiateur de la République en Moselle, Guy Bonno est chargé de défendre les citoyens face au dysfonctionnement de l’administration. Un rôle qu’il prend très à cœur mais qui est souvent confondu avec celui du conciliateur de justice.
Problèmes d’urbanisme, amendes, usurpation d’identité : délégué du médiateur de la République, Guy Bonno s’occupe de tous les problèmes que rencontrent les citoyens avec l’administration publique, la justice, le fisc et autres organismes sociaux.
Présent à ce poste depuis 1991, l’ancien officier de gendarmerie assure deux permanences par semaine à la sous-préfecture de Forbach et de Sarreguemines. « Mon rôle est de défendre les citoyens face à différentes organisations, telles que la sécurité sociale, le pôle emploi et même les communautés territoriales. Je suis également présent à la maison d’arrêt de Sarreguemines pour venir en aide aux familles des détenus si elles en ont besoin. » Et lorsque les gens viennent le voir pour des affaires qui ne sont pas de son ressort, Guy Bonno n’hésite pas à les réorienter, en leur donnant des coordonnées et en passant éventuellement quelques coups de fils « Beaucoup de gens ne savent pas à qui s’adresser mais tout ce qui relève de la justice privée, comme les problèmes de voisinage par exemple, dépend du conciliateur de justice. »
350 cas en 2009
Le délégué du médiateur de la République, qui officie en Moselle avec trois autres collègues, note d’ailleurs une augmentation du nombre de cas par rapport à 2008. Rien qu’en 2009, Guy Bonno en a traité 350. De plus en plus de personnes se présentent à sa permanence le mardi et le jeudi. « Je constitue les dossiers, je les suis et à la fin, je remplis une feuille où je détaille l’affaire, en révélant si elle s’avère réussie ou non et je l’envoie à Paris. Ce qui compte, c’est le résultat. » S’il résout la plupart du temps les problèmes qui lui sont confiés, il lui arrive de rencontrer des difficultés, notamment avec les maires des petites communes qui en profitent pour régler des comptes avec des habitants.
« Mes rendez-vous tournent aussi parfois à l’assistance sociale. Il m’arrive de me mettre dans la peau d’un écrivain public car certains viennent me voir parce qu’ils ne savent pas rédiger des lettres. D’autres ne connaissent pas leurs droits et sont là pour se renseigner. »
Des cas marquants
En presque 20 ans de carrière, Guy Bonno en a vu de toutes les couleurs et certains cas l’ont marqué. « Je me souviens une fois d’une femme qui souhaitait se rendre dans une clinique en Allemagne car elle faisait une dépression. La sécurité sociale avait émis un avis défavorable et la personne avait dû payer les 70 000 francs de sa poche. Suite à cela, j’ai mené ma petite enquête et un des psychiatres de ladite clinique m’a confié qu’elle en avait réellement besoin. Après maintes discussions, la sécurité sociale lui a finalement remboursé 60 000 francs. La dame m’a ensuite appelé, je pensais que c’était pour me féliciter mais au lieu de cela, elle m’a demandé qui allait lui rembourser les 10 000 francs qui restaient. J’étais bouche bée ! »
Guy Bonno est aussi intervenu à plusieurs reprises auprès de locataires âgés à qui l’on avait coupé l’eau ou le chauffage en plein hiver car le propriétaire avait détourné l’argent. « Je me considère comme un justicier. J’estime que ces personnes ne doivent pas faire les frais du comportement de quelqu’un d’autre. »