Depuis une vingtaine d’années, la fédération d’associations Contact, permet de faciliter le dialogue entre les jeunes homosexuels et leur entourage. La branche départementale Contact Moselle 57, s’est installée à Metz-Devant-Les-Ponts il y a cinq ans. Dans un contexte national où la question de l’homosexualité est relativement tendue, les bénévoles mènent des actions pour lutter contre l’homophobie.
« Mon fils est homosexuel que dois-je faire ? ». « Comment puis-je avouer ma sexualité à mes parents ? ». Voilà le genre de questions auxquelles sont souvent confrontés les bénévoles de Contact Moselle 57. Même si elle n’a pas de réponse pré-définie à apporter, l’association propose aux jeunes homosexuels et aux parents d’homosexuels de se rencontrer. La présidente de Contact Moselle 57, Michèle Kaas, qualifie son association « d’espace de dialogue ». Une ligne d’écoute téléphonique est également mise à disposition de ceux qui ont besoin de se confier.
L’organisation ne compte pour l’instant qu’une douzaine de bénévoles mais compte bien se développer. Dans cette optique, Contact Moselle 57 bénéficie d’un soutien financier de la part de la mairie. L’association n’a pas été en mesure d’estimer précisément le montant de cette aide puisque « la somme varie en fonction du projet que l’on présente et la mairie nous donne ce dont on a besoin. Nous sommes bien soutenus et je pense que c’est essentiellement dû au fait que notre association a une forte dimension familiale et qu’elle est moins revendicatrice que d’autres associations purement LGBT* » estime Arnaud Santoni, membre de l’association.
*: Lesbiennes, gays, bisexuels et transIntervenir dans les écoles
L’association ne se concentre pas uniquement sur la médiation entre les personnes homosexuelles et leurs proches. Les bénévoles veulent aussi lutter contre la discrimination homophobe. Première étape dans cette quête : la sensibilisation auprès des jeunes. Contact est une association reconnue d’utilité publique et, à cet égard, elle bénéficie d’un agrément national qui l’autorise à intervenir dans les écoles, auprès des collégiens et des lycéens plus précisément. Le milieu scolaire n’est pas à l’abri de la discrimination. « Par exemple, lors de nos interventions, on demande aux jeunes de noter sur un bout de papier les insultes qu’ils connaissent à l’égard des homosexuels. On récupère ensuite tous les papiers et on liste une par une les insultes en les écrivant au tableau et en les répétant à l’oral. Cela permet aux élèves de se rendre compte de la dureté et de la gravité de certaines paroles » raconte Michèle Kaas. Des propos violents que les homophobes n’hésitent pas à reprendre comme a pu le constater récemment la présidente de l’association, elle-même homosexuelle.
L’association Contact souhaiterait également pouvoir intervenir auprès des entreprises où la discrimination se fait également ressentir. Force est d’admettre que l’homosexualité dans le milieu professionnel est encore un sujet largement tabou. La présidente de l’association confie qu’il s’agit d’un projet qui lui tient à cœur mais qui n’est pas encore réalisable pour l’instant.
Photo interactive des locaux de Contact Moselle 57 (Passez votre souris sur les différents éléments)
Un débat surmédiatisé et mal traité
Les grandes manifestations au sujet du mariage homosexuel de 2013 ont longtemps retenu l’attention des médias. Aujourd’hui encore, le débat se fait à cœur ouvert. Autant de messages tolérants que de discours intransigeants ont noyé la presse française. Ce phénomène, majoritairement en faveur de la légalisation du mariage pour tous n’a pourtant pas été du meilleur effet pour la communauté homosexuelle.
Ça a fait réfléchir les gens
« Ça a ouvert la boite de Pandore » déclare Michèle Kaas. Elle affirme ainsi que « Le Refuge (une association nationale qui accueille des jeunes homosexuels rejetés par leurs familles, ndlr) a observé une croissance des demandes d’aide chez les jeunes homosexuels ». Selon elle, cela s’explique par le fait « que les jeunes se sont sentis enfin à l’aise du fait qu’il y ait un débat, et du coup, ont réussi à l’avouer à leur famille ». Mais cette recrudescence a été catastrophique, hors de contrôle et de nombreux homosexuels ont été mis à la porte. Si la communauté homosexuelle s’est sentie libérée d’un silence pesant, l’idée homophobe a été plus virulente. Deux discours opposés qui se sont encore plus éloignés. « Dans un sens comme dans l’autre, il faut au moins reconnaître que ça a fait réfléchir les gens » se rassure Arnaud Santoni.
Un déballage médiatique « incontrôlé » selon Félicité Zambon, bénévole et mère d’une fille lesbienne. « Ce que je trouve dommage, comme ça a traîné sur de nombreux mois, on a libéré une parole qui n’était pas égale entre des personnes qui demandent des droits identiques, et ceux ayant une sorte de discours de haine » dit-elle. L’éternisation du sujet a rendu le débat stérile et inaudible pour le public non concerné.
Marié ? Oui ! Mais maintenant ? Les querelles entres homosexuels et homophobes s’orientent aujourd’hui dans la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA). Une nouvelle raison d’alimenter un débat déjà bien enflammé. Et dans ce contexte tendu, les bénévoles de Contact tiennent absolument à mettre en valeur le caractère humain de leur association.
[toggle title= »Pour en savoir plus sur Contact Moselle 57″]La permanence de Contact Moselle 57 est ouverte tous les mercredis de 19h à 21h au 09.53.06.11.86. Il est également possible de prendre rendez-vous avec l’un des bénévoles. Vous pouvez également vous rendre sur la page Facebook de Contact Moselle 57 ou sur le site de la fédération nationale.[/toggle]