La »fête » de la Toussaint n’est pas seulement l’occasion de nous rappeler des personnes décédées et de leur rendre hommage. C’est également une opportunité pour aborder le sujet de la mort avec les enfants.
Chaque année à la même période, les visiteurs affluent massivement dans les cimetières. Les enfants, généralement en vacances, accompagnent parfois leurs parents. Pour la plupart, c’est l’occasion d’un premier contact avec la mort.
Parler de la mort à un enfant n’est pas chose aisée. Pourtant, il s’agit de quelque chose d’incontournable, un passage obligé pour tous les parents. Beaucoup ont peur d’aborder le sujet ou de ne pas trouver les mots justes. Cette question semble les inquiéter davantage que les enfants. En effet, ces derniers »s’interrogent beaucoup sur le pourquoi et le comment de la mort » précise Christine, institutrice depuis vingt ans. »Leurs questions sont directes et précises. Les enfants n’utilisent jamais de chemin détourné, au contraire des adultes. Et ils attendent des réponses claires. La Toussaint peut s’avérer un moment privilégié pour entrer dans le vif du sujet. »
Elle estime qu’ils commencent à se poser des questions assez jeunes, et ce pour diverses raisons. Ils peuvent avoir entendu des adultes en parler, avoir vu une scène de télévision précise, etc. Mais la plupart du temps, c’est tout simplement en bavardant entre eux que les enfants commencent à s’interroger. Et cela presque toujours après avoir aborder un sujet précis : leurs grands-parents respectifs. Ils vont se rendre compte que certains en ont quatre, d’autres moins, et que quelques-uns n’en ont plus un seul. »Cela va faire germer dans leur esprit énormément de questions qu’ils vont aussitôt poser à leurs parents. Ceux dont tous les grands-parents sont encore en vie vont demander pourquoi les autres en ont moins qu’eux. Et les autres vont demander pourquoi eux en ont moins, ou pas du tout. La question des grands-parents est dans la plupart des cas à l’origine des premières conversations parents-enfants à propos de la mort » indique-t-elle.
Pour un enfant ayant entre trois et cinq ans, la mort est quelque chose de totalement abstrait, qu’ils ont énormément de mal à se représenter ou à concevoir. »À cet âge-là, aborder la question du décès des êtres humains est très compliqué, voire psychologiquement perturbant pour un enfant. Il est davantage pertinent de leur faire progressivement intégrer le concept de mort en leur parlant des animaux : fourmis, araignées, chiens, chats, … » En ce qui concerne les individus, il est préférable à cet âge de leur dire qu’ils sont »au ciel ». Dans le but qu’ils enregistrent l’idée de disparition, et son caractère définitif, irréversible. Un peu plus tard, les emmener sur la tombe d’un aïeul peut être un »rite initiatique » pour favoriser leur compréhension.
À compter de six ou sept ans, ce qui correspond à peu près à l’entrée en primaire, »on peut commencer à leur parler de façon plus ouverte, en tenant compte évidemment de leur plus ou moins grande fragilité et maturité. Suivant leur sensibilité respective et les situations personnelles de chaque enfant, il est plus ou moins opportun d’aborder le sujet directement. » affirme Christine. »Mais il faut que chaque parent prenne conscience qu’il est de son ressort de parler de la mort à son enfant .Car il posera tôt ou tard des questions à ce sujet. C’est inévitable. »
La période de la Toussaint et les nombreuses allées et venues dans les cimetières qui l’accompagnent, semblent donc particulièrement propices pour expliquer aux enfants ce qu’est la mort, pourquoi ils ont perdu certains membres de leur famille et pourquoi il est important de leur rendre régulièrement visite.
Thomas Remy