Ce n’est pas un secret, les résidents du futur territoire ACAL (rassemblant les régions, Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne) ne sont pas logés à la même enseigne.
Les taux de pauvreté les plus hauts se retrouvent majoritairement dans les agglomérations les plus grandes. Pour exemple, en Alsace, les grandes agglomérations concentrent 71% de la population pauvre, selon l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee).
Notre enquête nous a mené dans les principales villes d’ACAL, à savoir Strasbourg, Mulhouse, Nancy, Metz, Reims et Châlons-en-Champagne. Un constat s’impose: deux métropoles s’opposent, d’un côté, Nancy, la ville recensant les plus hauts salaires, et de l’autre Mulhouse, où la pauvreté atteint un niveau inquiétant.
Mulhouse, mauvais élève de la zone ACAL
Selon les données de l’Insee, Mulhouse et Nancy se situent aux deux extrêmes en ce qui concerne la richesse : la première étant la plus pauvre et la deuxième la plus riche de la future région ACAL. Ce phénomène peut être observé sur plusieurs aspects. Un taux de pauvreté, qui atteint les 30% à Mulhouse contre 19% à Nancy. Cela s’explique par le salaire net horaire : le plus bas de notre sélection est à Mulhouse avec 11,80€ et un salaire moyen annuel de 15371€, tandis que le plus haut se situe à Nancy, avec 13,50 euros pour un salaire annuel de 19623€.
Si on se focalise sur la classification des catégories socio-professionnelles dans ces deux villes, il est possible de mieux comprendre les causes de cette grande différence de revenu. En analysant la population active occupée de Nancy et Mulhouse, nous observons que les travailleurs aux fonctions les plus modestes (ouvriers et employés) représentent à Mulhouse 50% de la population active occupé, tandis qu’à Nancy, cette même population représente 43% des résidents. Les cadres, les professions intellectuelles supérieures, les artisans ainsi que les chefs d’entreprise sont proportionnellement plus nombreux à Nancy (26%) qu’à Mulhouse (20%). Une population donc plus modeste à Mulhouse que dans la ville nancéenne, ce qui explique ce seuil de pauvreté plus élevé.
Nancy : ville bourgeoise ?
Nous remarquons qu’à Nancy l’écart entre les plus bas salaires et les plus hauts est bien plus élevé que dans les six principales villes du territoire ACAL. 10% des salaires les plus élevés correspondent à une somme de 41686€ par an, contre 9053€ en ce qui concerne 10% des salaires les plus bas. En comparaison avec les autres villes sélectionnées, la moyenne globale des salaires de Nancy est la plus élevée par son nombre important de hauts salaires.
Les résidents de Nancy sont donc loin d’être tous logés à la même enseigne. Selon une étude de l’Insee, dans l’aire urbaine de Nancy, le taux de pauvreté est plus élevé dans le centre-ville (19%) que dans la périphérie (14.6%). Ce même taux dépasse 25% à Maxéville et Vandoeuvre-lès-Nancy alors qu’il est inférieur à 5% à Houdemont
A contrario, Reims semble être la ville où l’écart entre les différentes classes est le moins important. Les 10% des plus hauts salaires correspondent à 31822€ contre 9542€ pour les salariés les plus modestes. Les rémois ne croulent peut-être pas tous sous l’or, mais l’espace entre les plus riches et les plus pauvres est moindre.
Les étudiants préfèrent Nancy
Un petit aperçu sur les données démographiques tend à montrer que Nancy est la ville où la population est la plus jeune du territoire. 45% de la population est âgée de moins de 30 ans; parmi eux, 28% ont entre 20 et 29 ans, une part importante de la population due en partie à la présence des étudiants. Cette hypothèse se confirme dans un rapport de 2011, où l’Insee positionne Nancy au 3ème rang national en termes de densité étudiante.
La formation du nouveau territoire ACAL aura un effet sur la moyenne de la pauvreté, ce regroupement rassemblant trois régions aux niveaux de vie et à la pauvreté bien différents. Pour autant, cette réforme ne changera rien quant au niveau de vie et à la situation effective des personnes.