La question de la santé mentale connaît une popularisation depuis quelques années. A travers les réseaux sociaux, le sujet est de plus en plus abordé, notamment sur les réseaux sociaux. Que ce soit par leur propre expérience ou parce qu’il s’agit de leur profession, des utilisateurs d’Instagram dédient leur contenu à la santé mentale.
Les réseaux sociaux, souvent considérés comme des fléaux pour la santé mentale, pourraient-ils être une source de réconfort pour certains ? C’est le pari que se donnent de plus en plus de personnes, notamment sur Instagram. Selon une étude sur la place des influenceurs digitaux sur la santé mentale*, il est plus facile de se renseigner, pour nous-même comme pour nos proches. De plus en plus de comptes apparaissent et sont spécialisés sur les questions de santé mentale comme la dépression, l’anxiété ou le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Bonjour Anxiété ou la mini coach TDAH font partie des comptes les plus suivis sur Instagram. D’autres comptes, comme Coach anxiété ou Les copains zen, se démarquent par leurs contenus.
La volonté de désacraliser et de dédramatiser la santé mentale
Audrey Saatdijan, détentrice du compte Les copains zen sur Instagram a connu différents accidents de la vie (comme le décès de sa mère) et souffre d’hypocondrie. La jeune femme connaît une augmentation marquante de son anxiété pendant les années covid. A la fin des confinements, elle se décide à “désacraliser l’anxiété” sur les réseaux sociaux. Elle partage alors sa découverte du zentangle à travers des vidéos. Cette méthode de relaxation par le dessin conquit les internautes. “En 10 jours, j’ai gagné 5 000 abonnés” explique la jeune femme, toujours aussi surprise. Un lancement pour Les copains zen qui compte aujourd’hui plus de 302 000 abonnés.
Comme pour Audrey, c’est à partir de son ressenti personnel que Maeva a décidé de se lancer sur les réseaux sociaux. Souffrant elle-même d’anxiété, elle s’est formée en programmation neuro-linguistique (PNL). Elle a créé son compte Instagram, Coach Anxiété. Son apprentissage est constant. Elle se renseigne sur le développement personnel et la naturopathie à travers des livres et des articles sur Internet. “J’utilise l’humour dans mon contenu pour dédramatiser et toucher les personnes qui me suivent”, raconte-t-elle. Entre les mèmes et les vidéos humoristiques, Maëva cherche à promouvoir la bienveillance envers soi-même. Elle propose également des séances de coaching pour les personnes qui en ressentent le besoin.
Un réseau d’entraide et de bienveillance
Petit à petit, la boîte de messagerie privée du compte Les copains zen se remplit des témoignages de sa communauté. Audrey met très vite un “stop” aux personnes qui s’adressent à elle comme à une professionnelle. Comme elle n’a aucune formation, ses conseils restent superficiels. “Le sujet de la santé mentale est devenu moins tabou”, constate Audrey au fil des années. “On est en 2024, il faut assumer quand ça va, mais aussi quand ça ne va pas”, affirme-t-elle. Pour ses posts, elle utilise également les conseils qu’elle trouve dans ses commentaires. Un manière de traiter des sujets divers et inclure des personnes qui pourraient se sentir seules. Pour Maëva, “s’il y a un apport de solution alors chacun a sa légitimité à parler de santé mentale.” Elle voit les réseaux sociaux comme des espaces d’entraide.
Tous les comptes ne sont pas à suivre
Pour Maëva et Audrey, les comptes qui parlent toujours du même sujet sont les plus grands risques avec l’auto-diagnostic. “L’auto-diagnostic peut provoquer des réactions hypocondriaques”, craint Audrey. Des individus identifient des symptômes chez eux et se persuadent d’être atteints d’un trouble mental. “On a toujours besoin de consulter pour avoir un avis neutre”, précise Maëva. “Aujourd’hui, il y a des comptes qui utilisent la santé mentale pour faire le buzz”, s’agace Audrey. C’est l’inconvénient de cette augmentation du nombre de comptes sur la santé mentale.
L’importance de discuter d’hygiène mentale
“La santé mentale est la grande oubliée de la santé” affirme Ariane Perrin, psychologue installée à Metz. Alors que la question de l’équilibre mentale connaît un essor chez les nouvelles générations, beaucoup estiment qu’elle n’est pas pour autant assez démocratisée. Les séances de psychologie, régulièrement jugées trop onéreuses, ne sont prises “que lorsqu’on y pense, quand on en a les moyens” continue la thérapeute. Le premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé le 10 février 2024 vouloir rendre ces séances plus accessibles aux jeunes, notamment en les remboursant.
Suite au COVID-19, période angoissante pour un grand nombre d’individus. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), durant l’année 2020 “la prévalence mondiale de l’anxiété et de la dépression a augmenté massivement, de 25 %”. Certaines personnes ont décidé de pallier ce manque de considération de la santé mentale à travers les réseaux sociaux.
*Zoé Nuel. La participation des influenceurs digitaux aux processus de démocratisation de la santé mentale et de communication autour des soins thérapeutiques chez les jeunes Français : étude de cas des contenus francophones de la plateforme numérique YouTube. Sciences de l’information et de la communication. 2020. ⟨dumas-03258690⟩