De passage à Nancy pour leur concert à L’Autre Canal le jeudi 12 décembre 2019, le groupe de rock alsacien Last Train a répondu à nos questions.
Le 13 septembre dernier, le quatuor Last Train a marqué son grand retour sur le devant la scène avec la sortie de son deuxième album studio : The Big Picture. Entre poésie, rock enflammé et sonorités envoûtantes, ce nouvel opus marque un tournant réussi dans leur carrière. Nous les avons rencontré à Nancy, pour une interview avant leur passage sur scène à L’Autre Canal.
Comment s’est passé votre retour sur scène après neuf mois d’absence ?
Julien Peultier (guitariste du groupe) : « Pendant ces neuf mois, nous ne sommes pas restés calmement à ne rien faire. Jean-Noël travaillait encore chez Cold Fame, le label qu’il a créé. Avec Timothée, ils ont également monté un festival à Lyon appelé la Messe de Minuit. Mais nous avons surtout travaillé dur sur cet album […] Jouer sur scène nous a beaucoup manqué. On fait énormément de concerts depuis ces dernières années. Lorsqu’on a décidé de faire cette pause, au bout de 2-3 mois on s’est rapidement dit que ça allait être long d’attendre de revenir. »
Timothée Gerard (bassiste du groupe) : « Quand tu vois que ton nom n’est plus sur la programmation des festivals, on se dit mince, ça y est, c’est fini pour nous, les gens vont nous oublier. [rires] »
Julien Peultier : « Mais le retour est super excitant, surtout quand on voit que les gens sont là au rendez-vous. C’est incroyable et ça fait chaud au cœur. »
Vous avez récemment annoncé de nombreuses dates pour l’année prochaine. De quoi avez-vous le plus hâte ?
Antoine Baschung (batteur du groupe) : « Dans notre tournée, on fait beaucoup de concerts différents. Nous avons autant hâte d’aller dans les pays de l’Est par exemple où nous avons jamais joué, que de retourner dans des petits bars où l’ambiance est particulière, plus proche du public […] Par exemple, on va avoir l’occasion de jouer aux Eurockéennes. C’est le festival où l’on allait de nos seize à vingt ans, donc c’est super excitant. Ce sont pleins de manières différentes de faire des concerts. »
Vous avez également annoncé votre premier Olympia, le 4 novembre 2020. Qu’est-ce que ça vous fait de jouer dans cette salle mythique ?
Jean-Noël Scherrer (chanteur du groupe) : « L’Olympia on la prend surtout comme une date symbole. On ne se met pas la pression par rapport aux personnes ayant déjà joué sur ce sol avant. Dans tous les festivals qu’on fait, il y a d’autres grands artistes. Toutes nos dates de concerts sont très importantes […] La salle de L’Olympia, c’est surtout un nom, une enseigne. C’est une des premières salles qui parle à tout le monde, ça a une connotation universelle. »
Votre second disque The Big Picture est sorti le 13 septembre dernier. Comment se déroule le processus de création d’un album ?
Antoine Baschung : « Nous avons expérimenté deux processus différents dans la création d’albums. Pour le premier, nous étions toujours en tournée. C’était des morceaux que l’on testait directement sur scène et que l’on rafistolait dans tous les sens. Concernant le deuxième album, ça a été un processus un peu plus classique. On a pris le temps de faire une pause afin de répéter entre nous, dans notre local basé sur Lyon. Les idées ont surtout émergé grâce à Jean-Noël, qui a beaucoup composé au piano. »
Timothée Gerard : « Pour ce deuxième album, nous sommes partis tous les quatre dans un studio en Norvège, pour s’isoler, enregistrer et se mettre dans une ambiance de travail. Ça donne à l’album une vraie couleur, une atmosphère. Il ne l’aurait peut-être pas eu s’il avait été enregistré ailleurs.«
Dans vos expériences personnelles, qu’est-ce qui vous inspire à créer ?
Julien Peultier : « On écoute beaucoup de choses diverses, que ce soit de la musique classique, du rap, des musiques de films, de l’électro […] donc c’est assez difficile de dire ce qui nous inspire réellement. C’est assez éloigné de ce que l’on propose aujourd’hui. »
Avec qui rêveriez-vous de partager une collaboration sur scène ou dans un album ?
Antoine Baschung : « Dans le rock, nous sommes fans de beaucoup d’artistes, tels que Josh Homme, Jack White… »
Julien Peultier : « Mais tous les jours, on ne se dit pas spécialement qu’on a hâte de faire telle ou telle première partie. On aime bien tracer notre route et vivre notre propre expérience pour le moment. Mais parfois, ça nous tombe un peu dessus et c’est ouf. Comme quand nous avons joué avec le groupe The Kills […] Si l’on devait faire une collaboration, ce serait peut-être intéressant de faire quelque chose de différent, qui n’a rien à voir avec nous. Faudrait que ça se fasse naturellement, dans un festival, où on se pose et on se dit vas-y viens, on joue ensemble. »
Quels rapports entretenez-vous avec vos fans ?
Jean-Noël Scherrer : « On continue d’avancer comme on l’a toujours fait, petit à petit, et ça prend du temps. Ça fait longtemps qu’on tourne, et le côté positif, c’est qu’on a créé une relation assez forte avec les personnes qui nous suivent. On se rend compte qu’il y a des gens qui sont déjà venus nous voir plus de dix fois, alors qu’on se sent au tout début de notre histoire. Il y a aussi les réseaux sociaux où nous sommes très présents, et on sort toujours au merchandising après les concerts. On essaie de briser la glace car on a besoin d’eux, ils nous permettent de faire ce qu’on fait aujourd’hui. »
Qu’est-ce que vous espérez apporter au rock français ?
Julien Peultier : « On n’a pas grand-chose à proposer de plus que ce que l’on est. Quatre potes qui jouent de la musique ensemble. La plus-value qu’on a, c’est qu’on fait beaucoup de choses par nous-mêmes : on produit nos disques, nos vidéos, nos clips, on a monté un festival. »
Vous avez une identité graphique assez prononcée dans vos clips, dans vos vêtements. Est-ce que l’image que vous dégagez est importante pour vous ?
Julien Peultier : « Tout ce qu’on fait, on essaye de le faire du mieux possible. Si quelque chose se dégage dans nos vêtements, on n’y réfléchit pas. On essaye d’être assez beaux, naturellement. [rires] Même pour nos clips, on veut quelque chose de beau. »
Jean-Noël Scherrer : « C’est comme quand tu vas à un repas de famille, tu t’habilles bien. La scène c’est important pour nous, donc on sacralise un peu. »
Vos clips sont d’ailleurs très travaillés, il y a presque quelque chose de cinématographique qui s’en dégage.
Julien Peultier : « Notre but est que chaque clip apporte quelque chose à la musique. Prenons le dernier, The Big Picture, c’est une musique de 10min30 dans laquelle on dit beaucoup de choses, et pour laquelle beaucoup de personnes pouvaient s’imaginer leur histoire. Ce n’est pas évident de trouver quelles images vont réussir à coller pour donner un nouveau sens de lecture. […] À chaque fois on réfléchit à donner une identité précise à notre musique, pour que les clips de Last Train soient reconnaissables. »
Vous vous voyez où dans 10 ans ?
Julien Peultier : « C’est un monde de fou, tout va à toute allure. Il y a cinq ans on se rend compte qu’on était en train de faire nos premières tournées européennes. On sortait de chez nous, avec le van qu’on avait acheté et on découvrait des villes. Cinq ans après, on va faire un Olympia. On avance pas à pas.
Jean-Noël Scherrer : « En fait, on regarde une série sur Netflix intitulée Les Mystères de L’Univers, dans laquelle ils expliquent qu’un astéroïde va détruire la Terre en 2029. Il y a donc beaucoup de chances que dans 10 ans on soit juste un tas de cendres. [rires] »
Vous pouvez retrouver toutes les dates de la prochaine tournée de Last Train, « The Big Picture Tour » sur leur site internet. À noter que les rockeurs seront de retour en Lorraine le 28 mars 2020 aux Trinitaires, à Metz.
Propos recueillis par Laura Bannier et Charlène Dosio