Greenpeace, c’est le Rainbow Warrior, la lutte contre la pêche à la baleine et l’anti-nucléaire. Derrière ces actions, des militants motivés, parmi eux, Florian Charlet du groupe local de Nancy.
Dessin par André Botella, dit Paf.
Gare de Metz, 18h15. Dégingandé et la démarche gauche d’un grand timide, Florian s’approche et salue d’une voix calme et posée. Des slogans comme « Stop au nucléaire » accrochés au sac à dos, son engagement tient dans ses quelques badges. L’informaticien de 26 ans s’est découvert une véritable vocation lorsqu’il est entré au groupe local de Greenpeace Nancy en octobre 2010. Il s’intéresse aux ONG (Organisations non-gouvernementales) depuis longtemps « Avant, je suivais des associations sur internet comme WWF, Les Amis de la Terre, et je partageais des informations sans être actif. » D’abord dirigé vers le Luxembourg, Florian choisit Nancy. « Dans un groupe local on est un peu moins dans la confrontation et je préfère le dialogue. » Mais en esquissant un sourire il admet que quelques actions de temps en temps « ça motive un peu ».
« J’étais timide avant, mais maintenant beaucoup moins »
Co-référent énergie-climat-nucléaire et référent formation, le jeune homme a récemment animé un débat sur la transition énergétique, impensable il y a encore quelques mois. Plus il s’implique dans l’association plus il maîtrise de sujets d’actualité. Que ce soit la problématique du gaz de schiste en Lorraine ou de la surpêche en Europe, Florian reste à l’aise. Indispensable selon lui puisque « les citoyens lambda ne sont pas informés des réelles problématiques environnementales. » Pour parler de ces sujets, il utilise des images fortes, parfois drôles « Comme Areva c’est français, on est soi-disant indépendant sur le plan du nucléaire, alors comme Lacoste c’est aussi français, on doit être indépendant en t-shirt chinois. »
Sympathisants mais pas adhérents
Depuis qu’il a rejoint le groupe local, il débat régulièrement avec sa famille et ses amis. Peu sensibilisé aux thématiques écologiques, son entourage se montre réceptif et l’encourage. « C’est important de se sentir soutenu ».D’ailleurs sa petite amie n’est pas adhérente mais elle l’accompagne pour distribuer tracts et badges. Convaincre ses proches lui a montré l’efficacité du dialogue « J’hésiterais à grimper sur une centrale nucléaire parce que le message de fond a plus de mal à être véhiculé avec une seule banderole qu’en discutant avec quelqu’un. »
Petit à petit il s’est rapproché des autres membres du groupe local « Défendre une même cause, ça crée des amitiés ».
Après la communication, l’action
L’action, cela ne le tente pas, enfin, pas tout de suite. La communication est son modus operandi. Pourtant si un jour il n’arrive plus à informer le public il a une autre option. « Devenir activiste ça me tenterait bien » Greenpeace prend une place importante dans sa vie « Je ne renierais pas l’association et ses idées pour faire plaisir à un employeur ». D’ailleurs il jongle plutôt bien entre sa vie professionnelle et son engagement « Je peux facilement prendre des jours de congés lors des grosses réunions. » Pourtant, cela reste chronophage, vivre à Thionville, travailler au Luxembourg et militer à Nancy implique beaucoup de temps dans les transports.
Pour lui, faire partie du mouvement est une source de fierté mais s’attaquer au nucléaire implique aussi d’être surveillé de près. « Un de mes amis s’est fait arrêter par la police après une action et dans le dossier ils avaient les photos de toutes ses manifs. » Il admet aussi que combattre des entreprises/lobbys puissants rend un peu paranoïaque « Quand le train rempli de déchets nucléaires est passé en Lorraine, j’étais à la gare, un gars était posté à l’intérieur, quand il a vu mes badges il m’a suivi. Je suis monté dans le train en direction de Luxembourg, il m’a suivi jusqu’au quai puis il est parti… Bizarre. »