Inauguré au technopôle de Metz mardi 5 octobre, en présence du président de la région Grand Est Jean Rottner, le nouvel institut de formation des aides-soignantes fait passer l’apprentissage du métier au numérique. Un établissement aux méthodes uniques en France qui parie sur l’enseignement à distance.
Élèves aujourd’hui, héros du quotidien demain. La première promotion du nouvel institut de formation des aides-soignantes (IFAS) EvaSanté a fait sa rentrée lundi 4 octobre, au technopôle de Metz. Un Ifas pas comme les autres puisqu’il est le premier en France à donner l’essentiel de ses cours à distance. En dix-huit mois d’apprentissage, les aspirants aides-soignants n’auront besoin de venir que 35 jours en classe, le reste se fera sur l’ordinateur. Une révolution qui est le fruit des efforts conjoints de la région Grand Est, de l’agence régionale de santé (ARS) et de Galileo Global Education France, l’organisme privé qui porte la formation.
Un enseignement en souplesse
« Quand on a présenté le projet, ils avaient des questions. C’est normal » reconnaît Julien Blanc, directeur des affaires publiques de Galileo France. Parmi les premiers à convaincre : l’ARS. Celle-ci a été intégrée au conseil de pilotage de l’institut et réalisera des contrôles annuels sur la qualité de l’enseignement. Une présence d’autant plus précieuse, c’est aussi l’organisme qui a donné son feu vert pour le diplôme.
« Il y a la volonté d’apporter une certaine souplesse dans la réalisation des études » explique Mounira Kherief, directrice de l’Ifas. Après 15 ans d’enseignement en Ifas, elle sait que la mobilité dans la région peut s’avérer compliquée l’hiver. Les cours en digital sont donc une chance pour les apprentis non-messins. D’autant plus qu’ils ne sont pas lâchés dans la nature. « Chaque élève profite d’un suivi individualisé et régulier. On veut leur permettre de s’organiser, tant qu’ils respectent la progression pédagogique. »
Chez les professionnels, on préfère attendre avant de se réjouir. Guillaume Gontard, président de la fédération nationale des associations d’aides-soignants, souligne « l’importance du terrain » et reste vigilant. « Tout est nouveau, il faudra évaluer l’efficacité des moyens numériques dans le temps. Dans tous les cas, une formation en ligne, ce n’est pas le meilleur. »
Des vocations à portée de clics
« Metz n’a pas été choisie au hasard », explique la directrice de l’Ifas. En effet, la Moselle est frontalière avec le Luxembourg, où les salaires sont considérablement plus attractifs. De fait, le Grand Est dans son ensemble est frappé par une fuite de ses aides-soignants. Pour y remédier, la Région a créé 1 415 places de formation supplémentaires en deux ans. Un bond de 80 % selon Jean Rottner, président de la Région. À ses yeux, les métiers de la santé « sont des métiers d’avenirs, porteurs et qui permettent de replacer l’humain au centre de tout ».
Des paroles qui résonnent chez Martine, l’une des élèves de cette première promotion. « J’ai commencé à apprendre les gestes en aidant ma grand-mère quand j’étais plus jeune. C’est pendant ces moments que j’ai décidé d’en faire mon métier. » Originaire de Nancy, l’enseignement à distance permet à la jeune femme de suivre sa voie, depuis chez elle. Elle fera partie d’une nouvelle génération d’aides-soignantes dont on a compris l’importance durant la crise sanitaire, comme le rappelle Mounira Kherief. « J’ai le sentiment qu’avec le Covid, quand ils sont devenus nos héros du quotidien, cela a redonné un élan de popularité à la profession. Laquelle a, de plus, été revalorisée. »
Morgan Kervestin, Elias Muhlstein