Inondations et usines submergées. Les intempéries en Thaïlande conduisent à l’assèchement du marché français des disques durs. À l’approche de Noël, les vendeurs messins ne sont pas à la fête et redoutent d’ores-et-déjà une pénurie l’an prochain.

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Western Digital, premier producteur mondial de disques durs, a perdu 42 millions d’unités suite aux inondations.

Simple alerte ou grosse pénurie ? Aujourd’hui, pour trouver un disque dur d’un teraoctet à moins de 130 €, cela ressemble au parcours du combattant. Le mois dernier, il n’y avait aucun problème pour en acheter un aux alentours de 60 €. Du jamais vu. Il y a quelques semaines, de dramatiques inondations ont touché la Thaïlande, second fabricant mondial de disques durs. Le leader de ce marché, Western Digital, qui produit à lui seul un tiers des disques durs du marché mondial, a vu ses usines de production dévastées par les pluies diluviennes. Ce pays concentre 60% de la production de la firme, d’où un effet papillon et la hausse des prix qui fait actuellement rage. D’après le cabinet IHS, près de 28% des disques durs ne sortiront pas des usines, au niveau mondial, au quatrième trimestre de cette année.

Disques durs ou disques d’or

« On a toujours du stock, il n’y aura pas de pénurie en décembre », assure Sullivan Stephan, technicien informatique et vendeur à Internity Metz 2. Une marge de manœuvre avec tout de même une contrepartie. Depuis un mois, les clients ne peuvent plus commander de disques durs sur le site internet du magasin car ils sont réservés exclusivement au montage des ordinateurs, autre activité proposée par le commerce. « Chez nous, les prix n’ont pas beaucoup augmentés (entre 15 et 20%). Par contre, à la Fnac ou chez Ingedus, je sais qu’ils ont doublé » torpille le vendeur. Chez 3G Informatique, l’approvisionnement devient problématique : « Notre stock est très limité, nous avons à peine une dizaine d’exemplaires de chaque modèle. C’est devenu impossible de trouver des disques durs de grande capacité » s’exaspèrent MM Flamant et Parmentier, les responsables des achats.

Une situation préoccupante qui risque encore de se détériorer d’ici quelques mois. « La pénurie va plutôt se faire ressentir dans le courant de l’année prochaine car les présidents de Seagate et de Western Digital ont déjà annoncé qu’ils n’arriveraient pas à honorer leurs commandes pour 2012 » ajoutent-ils. Un avis et une crainte partagés également chez Virgin : « On est une grande enseigne et on a du stock à Paris mais on aura sûrement des problèmes dès le premier trimestre 2012 ».  Certaines marques non touchées par les intempéries profitent de ce contexte pour baisser leurs tarifs et récupérer des parts de marché. La flambée des prix n’est donc pas généralisée.« Il faut relativiser, ça ne touche que certains constructeurs.», tempère Philippe Heintz, vendeur et chef de rayon chez Virgin à Metz.

« Les gens se moquent du tarif »

L’annonce des inondations en Thaïlande et du risque de pénurie a provoqué un changement de comportement chez certains consommateurs : « Les clients ont acheté des disques durs externes au mois de novembre mais ça s’est calmé début décembre », observe le responsable des achats de 3G Informatique à Metz. A l’inverse, Jonathan, vendeur chez Virgin, remarque la reprise des ventes depuis plusieurs jours : « On a vendu quatre modèles en une journée. Les clients ont certainement regardé l’émission des Guignols du 12 décembre 2011 » . Le rappel de la situation par les médias ne change pas le constat divergent fait par d’autres enseignes. Sullivan Stephan n’a pas remarqué d’«accroissement monstrueux des ventes ».
Contrairement au manque, l’augmentation des prix ne provoque pas la peur des clients. Sullivan Stephan déclare : « Les gens se moquent du tarif. C’est un achat ponctuel et ils sont prêts à mettre trente ou quarante euros de plus ». Le responsable de 3G Informatique note que si les prix sont trop élevés, les clients s’adaptent et optent pour des disques durs de moindre capacité.

Malgré l’amoindrissement des stocks de disques durs, Noël devrait rester une époque fructueuse pour les entreprises. Une note positive avant les difficultés annoncées en 2012.