A Metz, non loin de la Moselle, il y a une petite maison ouverte seulement le lundi après-midi. Ce lieu insolite s’appelle Alz’appart. Les orthophonistes du Groupe de Recherches et d’Intervention des Orthophonistes de Moselle (GRIOM) ont décidé d’ouvrir ce lieu pour assister les aidants des malades d’Alzheimer. Un moment de répit dans la semaine tumultueuse de ces enfants, femmes ou maris de malades.
« Ici, ce n’est pas le club du troisième âge, on rigole bien ! », le décor est planté par Annette Prochasson, la présidente de l’association. Souriante, elle explique le projet : « nous existons depuis 2009, et nous avons décidé d’ouvrir cet endroit pour faire souffler les aidants ». Car dans cette petite maisonnette, on écoute les problèmes rencontrés par les proches des malades d’Alzheimer. D’ailleurs, voilà Paul et Martine qui arrivent. Paul c’est le papa, il est atteint d’Alzheimer ; Martine c’est la fille, elle vient ici car sa mère « est un peu dans le déni ».
Un tabou à dépasser
Les orthophonistes qui s’occupent du lieu ont vu une cinquantaine de binômes depuis leur ouverture. Mais pour pousser la porte, il faut accepter que la personne est malade. « Avouer que quelqu’un de proche est atteint d’Alzheimer, c’est un peu comme faire son coming-out », concède Annette Prochasson. Une fois la porte poussée, l’ambiance est détendue. Les activités proposées sont différentes chaque semaine, du théâtre, du chant, des jeux de société… Il faut occuper les malades et surtout leurs permettre de ne pas se murer socialement. Souvent les personnes atteintes de cette maladie perdent leurs vies sociales car ils deviennent plus nerveux et expriment des difficultés à être compris.
Avoir de la patience
« Ici, on trouve du réconfort et de l’écoute », confie Evelyne. Son mari, Vitold, est malade et par moment il s’emporte. Dans ces cas-là, Evelyne fait preuve de patience et essaye de ne pas s’énerver. Elle raconte, « Un jour, au moment du dîner mon mari a quitté la table car il ne voulait pas manger. Quand c’est comme ça, je dois rester calme et retourner le chercher quand il a oublié qu’il a quitté la table. ». A l’Alz’appart, les aidants partagent leurs anecdotes pour être encore plus efficaces. Ils se comprennent, « mais après chaque cas reste unique », avoue Martine.
Une maladie évolutive
Alzheimer est une maladie dégénérative, du coup il est important de ralentir cette progression. Ce lieu y contribue. Car les jeux organisés par les orthophonistes permettent aux malades de conserver un peu de vocabulaire, de s’exprimer correctement et de garder confiance en eux. « Les aidants constatent que « leurs » malades ont des réflexes qu’ils n’ont pas chez eux », développe Dominique Gry, une des orthophonistes.
En plus de cela, les malades font d’agréables surprises à leurs proches. La musique aide à renforcer la mémoire, donc lors de l’atelier chant, les malades sont ravis. « Il arrive même que Vitold me joue des morceaux d’harmonica », sourit Evelyne.