Les marchés de Noël ont débuté en plein contexte d’après attentats à Paris. A Metz, les 150 chalets ont ouvert leurs portes une semaine après les événements. La plupart des commerçants en ressentent les conséquences : les visiteurs tardent à venir.
Les pains d’épices viennent d’être installés sur les stands. Les décorations de Noël s’illuminent. La Place Saint-Louis, la plus célèbre place du marché de Noël de Metz, et les sept autres sites sont prêts à accueillir les curieux et les gourmands des fêtes. Mais les visiteurs sont rares. Trop rares pour un premier week-end d’ouverture. La bonne humeur, elle, n’y est pas vraiment non plus. Les sourires se dessinent difficilement. Il y a une semaine jour pour jour, des djihadistes tiraient sur la population française. 129 personnes sont décédées. 352 personnes ont été blessées. Difficile, dans ce contexte, d’ouvrir le marché de noël de Metz comme les autres années.
« Près de 50% de moins »
« Pour un premier week-end d’ouverture, non, ce n’était pas terrible en termes de fréquentation », avoue Matthieu Wilbois, de la Fédération des Commerçants de Metz, dont la plupart des commerçants présents sont affiliés. La raison principale, Matthieu Wilbois a sa propre idée : « Pourquoi ? C’est surtout par rapport aux attentats, je pense. Les premiers jours les gens avaient peur de sortir dans des lieux de réunions, des lieux culturels. Ils ne se sentaient peut-être pas vraiment en sécurité. Ce n’est toujours pas évident aujourd’hui », précise-t-il. Dans le local de la fédération, un des commerçants qui tient un chalet place de la République se plaint du manque de visiteurs. En face du local, la place de la République, la plus grande, semble bien vide. On y croise quelques touristes. Pas plus. Calme, pour un mercredi après-midi.
Pourtant, près de deux semaines nous séparent désormais des attentats. Signe que l’ombre des événements plane encore sur la société. Pour cette 22e édition, la fréquentation du marché de Noël de Metz est en baisse par rapport aux années précédentes. Un fait visible à l’œil nu. Place Saint-Jacques, il n’y a pas vraiment foule. A Saint-Louis, la plus vieille place, c’est un peu mieux, notamment le week-end, mais rien à voir avec les autres années. « C’est moins fréquenté cette année », certifie Matthieu Wilbois.
L’impact des attentats de Paris
Certains commerçants ressentent déjà des pertes économiques. Place Saint-Jacques, Alex Petkovic a enregistré une baisse de « près de 50% du chiffre d’affaires. » Une première pour ce commerçant qui participe au marché de Noël de Metz depuis 21 ans. « J’espère que cette année est exceptionnelle. 2015, c’est bien partie pour être la pire année. ça commence assez mal, on a l’impression que les gens fuient un peu le marché », indique-t-il tout en servant un bretzel à une cliente. Pour lui aussi, cette baisse de fréquentation est liée aux événements. Trois chalets plus loin, un commerçant est du même avis. Il estime sa baisse entre « 30% et 40% du chiffre d’affaires. » Pas super pour une première participation à un marché. « Honnêtement, pour le moment, je ne suis pas satisfait c’est trop calme. »
Moins de monde dans les marchés, un fait qui ne serait pas spécifique à la ville messine. « On travaille sur plusieurs marchés de France et c’est partout pareil », note Sophie Tremblay, qui estime une baisse avoisinant les 40% également. Pour la commerçante, il y a les attentats, mais aussi la présence renforcée des militaires : « les gens le disent : ça les rassurent ou les perturbent. » Les présences policière et militaire sont omniprésentes sur les huit sites du marché. Depuis les attentats,150 policiers supplémentaires ont été déployés sur toute la ville. « En se promenant sur les différents sites on ressent que les autorités essaient de gérer les flux des visiteurs en utilisant des barrières et en patrouillant entre les stands. Je dois avouer que cette situation d’État d’urgence dégage un climat particulier au centre ville », observe Marie, une jeune étudiante venue faire quelques emplettes avant les fêtes.
Une baisse… pas pour tous
Avec certaines grandes attractions, la conjoncture est toute autre pour quelques commerçants. « Cette année à Metz, place de la République, nous avons la chance d’avoir l’attrait du palais de Glace de Walt Disney. Grâce à cette installation, je n’ai ressenti aucune baisse de fréquentation. Pour être honnête, j’ai fait plus de bénéfices que l’année dernière pour le moment. Le week-end du 28 et 29 novembre a été très rentable pour mon stand », assure le commerçant Claude Anglada. Un ressenti que ne partage pas les occupants de la place d’Armes, même s’ils sont situés près de la grande roue. « Dès le premier week-end on s’est aperçu qu’il y allait avoir une grosse chute de fréquentation. Les ventes ont eu beaucoup de mal à reprendre la deuxième semaine après les attentats », souligne Maxime Langlois qui s’occupe du stand de flammekueche, situé juste en dessous de la grande roue.
Mais tous restent optimismes. « On est début décembre, la fréquentation va reprendre de plus belle, je pense », rassure Matthieu Wilbois, de la Fédération. Pour la première fois depuis 1992, la Marche illuminée de Metz a été annulée par mesure de sécurité. Nombreux sont donc les commerçants qui attendent avec impatience l’arrivée de la Saint-Nicolas. Une fête qui incitera probablement les familles à sortir un peu plus de chez elles pour profiter d’un bon vin chaud sur l’un des huit marchés de Noël messin.