Si le sport électronique, ou « eSport » demeure pour vous un mystère, ne paniquez pas : il s’agit d’une pratique consistant à s’affronter, seul ou en équipe, sur un jeu vidéo, de manière compétitive. Les plus grands évènements de ce genre réunissent des équipes internationales et mettent en jeu des millions d’euros de récompense. Voilà, vous voilà informés et fin prêts à découvrir l’association Lorraine E-Sport.
Certains pratiquent le jeu vidéo pour les histoires qu’il raconte ; d’autres pour l’ambiance qu’il dégage. Pour Dean Cesaron, « Marcadet » de son pseudo, responsable de la communication et streamer chez Lorraine E-Sport, il sert avant tout à « s’amuser et essayer de se dépasser ». Cet étudiant en M2 Etudes Européennes, amateur de FPS (« First Person Shooter, comprendre « les jeux qui vous font vivre la baston à travers les yeux du personnage) », partage son temps entre études et gestion de l’association. Le but de cette dernière ? « Promouvoir l’eSport, le faire découvrir au public, organiser des tournois locaux et s’amuser », sans oublier de faire tomber les clichés du jeu et du joueur.
Lorraine E-Sport, c’est une Web TV proposant pas moins de 10 streamers qui partagent leurs parties en live sur twitch, service de diffusion vidéo en temps réel. C’est aussi un fanzine, intitulé #caypourlispor (« C’est pour l’E-Sport » en baragouin internet), qui présente des réflexions sur le domaine vidéo-ludique : de la rétrospective d’un type de jeu particulier au sexisme dans les productions récentes, en passant par une analyse du croisement entre littérature et jeu vidéo. Et la Lorraine dans tout ça ? En plus de l’organisation de tournois, l’association compose avec la CWOL, « communauté multigaming world on-line » pour produire une série de mini documentaires visant à mettre en valeur les joueurs lorrains. Franchement, que demander de plus ?
Cartes sur table
Il est 20h30. A l’heure automnale où la nuit tombe sur l’île du Saulcy, certains étudiants rentrent chez eux. D’autres ont choisi, ce soir là, de se retrouver dans le bâtiment P2 pour se livrer une bataille sans merci. Mais ici pas de sang ou de larmes (quoique) : on se bat à coups de pixels et de cartes à jouer, pour gagner du matériel de jeu, des réductions d’achat ou des paquets de cartes. Co-organisée par Lorraine E-Sport et Les aventuriers de la Saulcyété (animateurs de jeux de rôles et de société), la soirée propose à ses visiteurs de s’affronter sur trois jeux, ou de simplement venir jeter un œil curieux sur ceux qu’ils ne connaîtraient pas. Dans la salle, deux grandes tables accueillent, l’une les cartes des joueurs de Magic the Gathering, l’autre les ordinateurs portables des aficionados de Hearthstone. Dans un coin, on peut voir les amateurs de Towerfall se coller des gnons sur un écran de télévision. Un buffet trône au fond de la pièce, et un grand écran au mur se fend régulièrement d’un taquin « Bonne humeur et fun obligatoire (on vérifiera) ».
Anoarith et Svarthert, deux streamers de Lorraine E-Sport, jouent à Hearthstone
Pour Marcadet, « on vient ici pour voir de petites légendes locales et rencontrer des gens qui ont la même passion ». On entend des rires, des cris, des encouragements : pas de doute, ici on s’amuse en plus de se castagner. Et tout le monde peut se prêter au jeu, puisque « les joueurs sont humbles et acceptent tout le monde ». D’autant plus que la majorité des jeux qui percent en eSport sont « easy to learn, hard to master » (« faciles à appréhender, difficiles à maîtriser », pour s’inspirer de la formule de Nolan Bushnell, fondateur d’Atari). Même si personne, bien entendu, n’est à l’abri d’une raclée : « j’ai fait deux matchs contre mon ami, j’ai perdu et c’était fini » râle Guillaume, venu participer au tournoi Hearthstone. Bon, l’important c’est de participer ; et puis il reste toujours à regarder la finale, rediffusée sur grand écran. Malgré tout, cet étudiant en L3 confie que « ça s’est bien passé » ; et c’est bien ce sentiment qui prime pour tous les participants. Chacun referme son ordinateur, remballe sa manette ; et tous s’en vont en espérant que Lorraine E-Sport remettra le couvert.
« A quoi on joue ? »
Hearthstone était à l’origine un petit projet, imaginé par quelques développeurs de Blizzard Entertainment : l’idée était d’adapter l’univers de leur jeu phare, World of Warcraft, en jeu de cartes à jouer. Plus accessible que Magic, son père spirituel, Hearthstone est désormais une grosse production et compte plus de 50 millions d’inscrits.
Magic : The Gathering, c’est le boss final des TCG (Trading Card Games, les jeux de cartes à collectionner). Des extensions régulières continuent à le renouveler depuis sa création en 1993, et il compte aujourd’hui une dizaine de milliers de cartes à son actif.
Towerfall fait s’affronter jusqu’à 4 joueurs dans des arènes 2D en pixel art. Chacun est armé d’un arc et d’une poignée de flèches, et chaque coup au but est synonyme de mort immédiate. La formule est simple et efficace, et si l’on y ajoute les coffres qui apparaissent régulièrement pour offrir des bonus temporaires à ceux qui les ramasseront, on obtient un jeu exigeant et laissant peu de place à l’erreur malgré sa prise en main immédiate.