Créer un hebdomadaire papier en pleine expansion du journalisme numérique est un pari que peu de rédacteurs auraient tenté. Mais ce défi n’a pas empêché Eric Fottorino, ancien directeur du journal Le Monde, de concrétiser son projet : Le 1. La revue, qui décrypte chaque semaine un sujet d’actualité, fête son premier anniversaire en avril 2015.
« Le 1, c’est l’arbre de la connaissance. Au bout d’un an, il ne contient que quelques feuilles, mais il est fait pour se multiplier », soutient Eric Fottorino, fondateur de la revue Le 1. A première vue, l’objet est un OVNI dans le paysage de la presse française ; un hebdomadaire, sous la forme de dépliant, qui invite des contributeurs de tous bords à s’exprimer sur un unique sujet d’actualité. Des journalistes, mais aussi des écrivains, dessinateurs ou philosophes peuvent participer à l’élaboration d’un numéro. L’objectif ? « Combattre l’entre-soi », affirme Eric Fottorino. L’ancien directeur du journal Le Monde défend l’idée de laisser les idées s’exprimer, pour les recentrer ensuite en un unique thème.
« Mettre le lecteur au centre de la revue »
Les lecteurs eux-mêmes ont la possibilité de contribuer au journal. « On essaye de mettre le lecteur au centre de la revue, et avant tout de l’intéresser« , assure le fondateur. Et visiblement, ça fonctionne. La revue comporte en moyenne 25 000 lecteurs, de tous horizons. Selon Eric Fottorino, l’hebdomadaire attire surtout des gens curieux, qui peuvent lire tout le numéro en moins d’une heure. « Le 1, c’est un journal léger dans lequel on peut ajouter de la profondeur », explique le directeur.
Trois questions à Eric Fottorino
En quelques mots, comment définiriez-vous Le 1 ?
Vous avez lancé Le 1 en avril 2014. Un an après, le pari de créer un journal papier à l’ère du numérique est-il réussi ?
Eric Fottorino : Oui, c’est un pari réussi même s’il est fragile, car l’équilibre financier n’est pas encore complètement atteint. Mais je dirais que la greffe a pris auprès des lecteurs. Je considère que le papier n’est pas mort et c’est ce qu’on imprime dessus qui fait sa valeur et qui lui donne un passeport de survie, ou au contraire de disparition. Le parti pris de proposer un sujet unique sur un web-média est tout à fait possible, mais je pense que le papier a encore des choses à dire, surtout dans le format que l’on a choisi. Le journal est aussi un objet, et je pense qu’il faut lui redonner de la valeur. On peut multiplier les regards, les modes de traitement et faire en sorte que l’objet prenne tout à coup une dimension exceptionnelle. La revue a une force démonstrative, que ne peut pas avoir un écran ou un journal plus petit.
A l’avenir, souhaitez-vous rester au tout papier ou envisagez-vous un format bi-média ?
E.F : Lorsqu’on s’est lancé il y a un an, on avait déjà un site internet qui contient aujourd’hui 2500 textes en ligne, présentés de façon assez simple. Le 1, avec sa présentation en dépliant présente un format innovant et il est difficile de trouver la même chose sur Internet. Notre objectif, c’est toujours d’amener les lecteurs curieux du 1 à partager une expérience du papier parce qu’elle est assez unique, alors que celle de l’écran est banalisée par le fait qu’un écran… est un écran.