Redynamiser les centres-villes. Il s’agit là d’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Six mois après les Assises Nationales du Centre-ville à Metz, la situation ne convient pas aux commerçants du centre-ville, notamment dans les rues Serpenoise et du Palais.
« Les assises ? Il y a six ans, on nous avait promis une hausse de fréquentation de 30 % grâce au Metis. Ca ne s’est pas passé. Donc je n’y vais plus, ça ne sert à rien. » Si l’avis de Jean-Philippe Rugiero, gérant de la Bouquinerie du Centre de la rue du Palais, depuis dix ans, est tranché sur les Assises Nationale du Centre-ville, ce n’est pas le cas de tout le monde.
Pascal Schons, directeur de la Fédération des Commerçants de Metz, préfère retenir le côté positif de l’événement, qui a eu lieu début juin dans la capitale mosellane. « Ça a été une vraie cure de jeunesse pour nous de voir que la ville a une bonne image vue de l’extérieur. Ce n’est pas forcément le cas pour les locaux » lâche-t-il. Patricia Sallusti, adjointe au commerce de la mairie de Metz, elle, se félicite du succès des assises. « Un certain nombre d’acteurs du territoire a pu prendre part à des débats constructifs. Notamment sur les problématiques du centre-ville comme l’évolution du commerce ou les réalités derrière les vitrines vides, notamment rue Serpenoise. »
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La concurrence pour expliquer les vitrines vides de la rue Serpenoise ?
Alors six mois après ces assises, quelle est la situation ? Pour Pascal Schons, un réel problème de concurrence existe au sein du centre-ville de Metz. « La densité commerciale en Moselle est 20 % supérieur au reste de la France. Ici, on a soixante-dix opticiens dans l’hyper centre. Alors forcément, il n’y a pas à manger pour tout le monde » affirme-t-il.
Jean-Philippe Rugiero reconnaît que la conjoncture nationale est délicate pour les centres-villes. Cependant, il affirme également que la municipalité a lâché les commerçants. « Ce sont les pouvoirs politiques qui ont accordé des surfaces pour de nouvelles zones commerciales. Avant, quand les gens avaient cent euros, ils les dépensaient au centre-ville. Maintenant, c’est trente euros dans la rue Serpenoise, quarante au Muse et trente au Wave. Ils ont dilué l’offre commerciale. »
De son côté, Patricia Sallusti met en avant la reprise économique du centre Saint-Jacques. Elle reconnaît cependant des difficultés pour certains commerçants du centre. « Des locaux sont vides, comme au début de la rue Serpenoise par exemple. Cela est sûrement dû à des loyers trop chers mais aussi à une forme d’attentisme de certains exploitants. Il y a une nécessité d’adaptation de leur part à la contraction du centre-ville aujourd’hui » ajoute-t-elle.
Création d’une association de commerçants
En réponse aux politiques menées par la mairie, Jean-Philippe Rugiero et d’autres commerçants messins ont décidé de créer une association, Metz Cœur de Ville, dont les statuts viennent d’être déposés. « Nous souhaitons défendre nos intérêts, mais contrairement à la Fédération des Commerçants, nous serons indépendants des pouvoirs politiques. C’est une association militante. On demande par exemple la réouverture du parking du marché couvert et une simplification du système de stationnement en ville » explique le gérant de la Boutique du Centre.
Patricia Sallusti, qui affirme avoir reçu, en présence du maire, les représentants de Metz Cœur de Ville, estime qu’il est « difficile de travailler avec une structure se voulant comme un interlocuteur politique et qui n’est pas totalement force de proposition ». Elle ajoute : « Nous les connaissons, ils mélangent leurs difficultés avec le reste, il faut toujours raison garder ». Le centre-ville messin n’a donc pas fini d’attiser les débats locaux autour de son dynamisme et de ses enjeux, économiques comme politiques.