Il y a quelques semaines, l’association Impact Lorraine Mobilités, regroupant de nombreuses entreprises du territoire, a haussé le ton, lors d’une conférence à Metz, concernant trois projets d’infrastructures qu’elle estime « déterminants » et « nécessaires ». Un diagnostic percuté par la crise climatique.
« Nous avons un retard extraordinaire », s’alarme Bernard Moreau, président d’Impact Lorraine Mobilités à l’aube de la publication du contrat de plan Etat-Région (CPER) pour la période 2023-2027. Ce CPER qui lie l’Etat et les régions sur le financement de grands projets d’aménagement du territoire, est en cours de négociations pour la région Grand Est. L’association, qui affirme œuvrer pour le rayonnement de l’économie lorraine grâce au développement des mobilités, a insisté sur trois projets.
1 – Quel avenir pour l’A31 bis ?
Durant l’été, le ministre des Transports Clément Beaune devait se prononcer sur le sort de l’A31 bis dont l’objectif est de contourner Thionville par l’ouest. Mais depuis, la polémique autour du projet d’autoroute Toulouse-Castres, qui fait face à une résistance de la part d’organisations écologistes, a rebattu les cartes. « On ne comprend pas pourquoi il ne donne pas sa réponse », dit Bernard Moreau. Les écologistes réclament l’abandon du dossier et estiment que le ministre doit se laisser le temps de la réflexion. Impact Lorraine Mobilités estime de son côté que le temps presse pour les entreprises de Lorraine mais pas uniquement. Le nombre d’automobilistes ne cesse de s’accroître. Pour Thierry Ledrich, vice-président d’ILM, « chaque semaine retardée, c’est une semaine d’embouteillages et des morts en plus » même s’il concède que cette avancée ne pourra se faire sans le déploiement du covoiturage, du télétravail et du ferroviaire. « Dans notre région, le développement des infrastructures est en retard. »
2 – La 2×3 voies au sud refait surface
Là encore, l’association souhaite aller vite dans la réalisation de la 2×3 voies entre Metz et Toul (54) afin de désengorger cet axe routier dont l’élargissement est dans les cartons depuis un moment déjà. La réalisation est prévue d’ici 2032 minimum. « Il faut que cela se fasse maintenant. Plus le projet sera étalé, plus le projet coûtera cher », exprime Thierry Ledrich. Sur ce projet, les études ne sont pas encore lancées et Impact Lorraine Mobilités déplore que les réflexions portent uniquement sur les axes frontaliers (A31bis). « Ils sont importants mais les frontaliers ne participent pas à l’économie », mentionne-t-on.
Il y a quelques années, le Conseil d’orientation des infrastructures avait souligné dans un rapport que « tous les éléments n’étaient réunis pour décider des modalités de traitement des difficultés rencontrées sur le secteur ». Parmi les difficultés évoquées, on fait notamment référence à une complexité de mise en œuvre du projet et des travaux non sans risque. Ce projet ne serait pas non plus sans impact sur les zones concernées avec une augmentation des nuisances sonores.
3 – Améliorer le réseau ferroviaire
Suspendue à titre provisoire depuis 2018 pour travaux, la liaison TGV Metz-Nancy-Lyon devrait être rétablie en décembre 2024, ce qui satisfait le maire de Nancy (54), Mathieu Klein. En revanche, ce seront des TER qui effectueront le service sur « un axe primordial » dont l’offre promise reste incertaine pour l’association Impact Lorraine. « On tourne en rond, nous devons aller plus vite », martèle Bernard Moreau. Deux allers-retours quotidiens sont envisagés en 4 h 30. L’association réclame un partage des rames entre les trains de fret et ceux de voyageurs afin de réduire ce temps de trajet à 3 h 30 d’ici 2030. Cette initiative est soutenue par le président de l’Eurométropole de Metz, François Grosdidier et Patrick Weiten, président du conseil départemental de Moselle. « Ces circuits économiques sont importants pour la richesse de la Lorraine. Nous l’étouffons aujourd’hui, insiste Catherine Barthélémy, PDG de Manuloc. Il nous faut une vision nationale ».