Le nouveau Premier ministre Manuel Valls a tenu son premier conseil des ministres à 10h au palais de l’Elysée sous la présidence de François Hollande. Les deux hommes se sont entretenus à 9h30 comme le veut le protocole, avant de s’installer rapidement avec les nouveaux ministres.
Le nouveau porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, en a présenté une synthèse vers midi. Le Président a abordé les résultats des municipales et souhaite une politique qui « soit renforcée, soit cohérente, soit forte pour redonner un espoir aux concitoyens« . Stéphane Le Foll a aussi insisté sur le discours de politique générale que va donner le Premier ministre mardi à l’Assemblée Nationale. Celui-ci sera clairement axé sur le lancement du pacte de responsabilité, déjà programmé, et sur le tout nouveau pacte de solidarité, censé redonner du pouvoir d’achat aux Français.
Par ailleurs, Manuel Valls a précisé ses méthodes de gouvernance. Il souhaite un « gouvernement soudé, qui répond aux urgences mais qui n’oublie pas les objectifs stratégiques« . Les réunions inter-ministérielles seront moins fréquentes, nécessitant de « resserrer le travail en amont« . On connaîtra le nom des ministres délégués mercredi 9 avril, au matin, après le vote de confiance (afin que les parlementaires qui rentreront au gouvernement ne fassent pas défaut lors du vote).
La différence avec le gouvernement précédent se fait sentir dans le discours du porte-parole. Les mots « cohérence » et « équipe resserrée » sont martelés. La nouveau premier ministre Manuel Valls veut s’imposer comme le chef, à l’inverse de Jean-Marc Ayrault au style plus effacé devant le Président de la République. Un article du Monde.fr indique que le Premier ministre avait prévu de lire l’article 21 de la Constitution devant les ministres. L’article stipule que « le premier ministre dirige l’action du gouvernement« , rappel qui montre bien la volonté de rupture, en tout cas dans le style.
Quelques minutes après la conférence de presse, Arnaud Montebourg s’est confié à des journalistes de BFM TV. Il est revenu sur le nombre réduit de ministres au gouvernement en confirmant cette nouvelle organisation.
« Nous sommes 16, avec un débat autour de la table. Ce qui était impossible à 39 est maintenant possible, avec une méthode organisée par le Premier ministre de discussion et d’arbitrage complètement rénovée, très solide, et c’était un moment important parce que ça a de la gueule. »
Un mercato politique
Parmi les 8 hommes et 8 femmes nommés mercredi matin, tous sauf un ont déjà connu cet exercice politique. François Rebsamen, 62 ans, réélu maire de Dijon et proche du Président n’a jamais été ministre auparavant. Il obtient le poste de ministre du travail, de l’emploi et du dialogue social. Ségolène Royal nommée ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie n’était pas non plus dans le gouvernement Jean-Marc Ayrault mais peut se rappeler de ses premières expériences ministérielles. Une courte année en 1992, en tant que ministre de l’environnement, déjà, dans le gouvernement Bérégovoy, et quelques années plus tard comme ministre déléguée à l’Enseignement scolaire et ministre de la Famille, sous Lionel Jospin. Elle n’a d’ailleurs pas attendu longtemps pour faire sa première déclaration médiatique sur l’écotaxe, souhaitant « remettre à plat les choses« .
Le gouvernement Valls a été synonyme pour certains ministres de montée en grade. Benoît Hamon jusqu’alors simple ministre délégué devient ministre de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Arnaud Montebourg pour sa part ajoute à son ministère du redressement productif, le numérique et surtout l’économie, géré précédemment par Michel Sapin. Les deux hommes devront agir en collaboration à Bercy. Bernard Cazeneuve remplace Manuel Valls au ministère de l’Intérieur. À noter aussi, Najat Vallaud-Belkacem devient en plus des droits des femmes, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports.
Quelques ministres conservent les mêmes fonctions qu’au gouvernement précédent. Jean-Yves Le Drian à la défense, Christiane Taubira à la justice, Aurélie Filippetti à la culture et à la communication.
Ce « gouvernement de combat » voulu par François Hollande lors de son discours lundi après la débâcle du Parti Socialiste aux élections municipales a encore quelques ajustements à faire pour être rodé. Un premier litige a dû être tranché entre Laurent Fabius et Arnaud Montebourg pour savoir lequel des deux s’occupait du commerce extérieur. Au final, c’est Laurent Fabius ministre des affaires étrangères et du développement international qui le récupère.