Presque 20 ans après l’arrêt de la série, le père de la bande dessinée Calvin & Hobbes a reçu le grand prix du 41ème festival d’Angoulême. L’occasion de revenir sur le succès d’un comic culte qui a inspiré toute une génération.
Les tribulations d’un garçon de 6 ans et de son tigre en peluche à qui son imagination d’enfant a donné vie, c’est le pitch de la bande dessinée Calvin & Hobbes. Lancé en 1985 dans une trentaine de journaux américains, le comic strip s’est achevé dix ans après sa publication. Mais en une décennie, les aventures du petit garçon Calvin, et de Hobbes, son tigre en peluche philosophe, ont fait le tour du monde. Quelque 2 400 journaux et 30 millions d’albums ont été vendus dans le monde entier, dans pas moins d’une quarantaine de langues. Les sites de fans consacrés à la BD ou à l’auteur pullulent sur internet( voir thinglink ci-dessous).Quels sont les raisons de ce succès?
Plus qu’une simple bande dessinée
Calvin&Hobbes, malgré ce qu’on pourrait croire, n’est pas une bande dessinée destinée uniquement à un jeune public. Les personnages se font l’écho de thèmes universels tel que l’école, la relation parents-enfants ou encore le sexisme. Des sujets abordés avec humour, cynisme et décalage, par le prisme d’un enfant portant un regard critique sur la société qui l’entoure. Mais la magie de la BD tient surtout à la relation entre Calvin&Hobbes. Elle nous rappelle le duo Voltairien Candide-Pangloss, où l’optimisme se confronte au réalisme. Le nom donné par Bill Watterson à ses protagonistes n’est d’ailleurs pas étranger à leur comportement et à leur manière générale de penser et voir le monde.
Le nom du jeune garçon provient du théologien français du XVIème siècle Jean Calvin, réformateur du protestantisme. Jean Calvin était un personnage qui croyait en la prédestination. Bien que les opinions de Calvin diffèrent largement, celui de la BD possède une facilité d’expression et d’argumentation extraordinaire pour son âge, digne de celle du théologien. Calvin est un gamin qui veut tout et tout de suite, sans jamais sacrifier en rien ce qui va à l’encontre de son plaisir (devoirs, bains, rangement de sa chambre ….). C’est un épicurien de la vie, un enfant égotiste au questionnement d’adulte, qui ne cesse de remettre en question le monde qui l’entoure.
Son meilleur ami le tigre Hobbes, plus terre à terre, tire son nom de ce philosophe du XVIIème siècle qui avait une vision profonde de la nature humaine, figure de proue du réalisme. C’est un personnage digne, plein du sens commun qu’ont la plupart des animaux dans les représentations que l’on en fait. L’aspect comique du personnage provient en partie de son comportement humain mais est aussi dû au fait qu’il est souvent sarcastique face aux interrogations métaphysiques de Calvin.
Ces deux personnalités antagonistes mais farouchement complémentaires donne toute son essence à la BD, laquelle a donné lieu à un documentaire – Dear Mr.Watterson- sorti en novembre dernier (voir bande-annonce). Celui-ci retrace l’impact du phénomène Calvin&Hobbes sur toute une génération d’Américains. Les deux personnages sont encore aujourd’hui à ce point culte que leur duo est détourné, parodié et que certains sujets récurrents du comic, comme la thématique hivernale, sont rentrés dans la culture commune.
Un auteur en dehors des conventions
La personnalité de Bill Watterson, auteur atypique, n’est pas étrangère au succès de Calvin& Hobbes. La première publication du comic a lieu le 18 novembre 1985. C’est le début d’un succès planétaire qui fera de Bill Watterson un « grand » du monde de la BD. Très vite, la série connait une forte popularité. Dès 1988, Bill Watterson débute un bras de fer avec son éditeur qui veut lui imposer des produits dérivés, gages de juteux profits. Mais ce puriste refuse. Tout comme il rejette les adaptations en dessin animé. Le contrat signé à ses débuts l’oblige cependant à céder tous ses droits à l’agence Universal Press Syndicate. Après un dur combat, il finit par récupérer les droits de ses personnages et met ainsi un terme à toutes les propositions de T-shirts et autres produits dérivés.
Le 31 décembre 1995, en pleine gloire, Bill Watterson met un point final aux aventures de l’espiègle Calvin et de son tigre sarcastique, pour se consacrer à la peinture et à sa famille et retrouver l’anonymat. On ne connaît de lui qu’une photographie de 1974, le montrant tout sourire devant sa planche à dessin. Retraité depuis vingt ans, refusant toute apparition publique, l’auteur en dehors des conventions avait à l’époque commenté son retrait en ces termes : « « C’est une marque de respect et de gratitude envers mes personnages de leur dire au revoir au sommet de leur art, . Et je veux croire que Calvin et Hobbes prennent d’autant plus de bon temps maintenant que je ne suis plus sur leur dos ! ».
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