Sur les Hauts de Vallières à Metz, l’association CPN « Les Coquelicots » s’engage dans l’éducation à l’environnement et au développement durable. CPN, signifie “Connaître et Protéger la Nature”, ce qui en dit long sur les missions de l’association messine.
Installée au cœur d’un quartier populaire urbain, l’association dispose de 2 hectares de terrain. Un “espace naturel, pédagogique et convivial”, surplombe la cité messine. “Espace, parce qu’on voulait quelque chose de grand. Naturel, pour recréer de la nature et des écosystèmes variés. Pédagogique, parce que c’est notre métier d’animateur. Convivial, parce qu’on veut que cela soit partagé”, nous explique Hugues Varachaud, directeur de l’association. Le potager partagé, mêlant cultures et techniques variées, sublime le quartier. Quand l’heure de la récolte arrive, l’association organise “un grand repas partagé avec tous les adhérents”. En contrebas, en traversant un verger et un bois, on tombe nez-à-nez avec un enclos d’une dizaine de chèvres, qui raffolent de câlins. Plus loin, un enclos d’un hectare accueille des ânes, tout juste rentrés de balades, des chèvres, ainsi que deux ruches.
“Remettre de la nature dans un quartier urbain, ça fait du bien”
Né en 2004 comme club nature dans un centre social, le CPN « Les Coquelicots » est devenu une association en 2008. La structure organise des ateliers jardins partagés, des ateliers cuisine, ou encore des balades avec ses ânes dans la nature. A côté, ils font des prestations, autrement dit ils vendent leurs compétences à des écoles, à des entreprises et à des collectivités. Les bénévoles et les 8 salariés de l’association font de l’éducation à l’environnement, leur engagement premier. “On est passé de 200 adhérents à 300 au mois de mai, et aujourd’hui on est autour des 400”, se réjouit Hugues Varachaud.
Les missions de l’association permettent de créer un lien positif entre l’Homme et la nature et d’aller plus loin sur les enjeux écologiques, liés à la biodiversité, à la consommation, à la coopération, à la participation citoyenne, au patrimoine. Engagé sur toutes les thématiques environnementales, le CPN entend par ses actions “revenir à la base avant de réfléchir à des enjeux à long terme”.
“Remettre de la nature dans un quartier urbain, ça fait du bien. Tout ce qu’on fait est accessible. Toutes les installations qui sont ici, les gens peuvent les reproduire à une autre échelle sur leur balcon, dans leur jardin. Tout le monde peut le faire ».
Une éducation populaire dans un quartier populaire
Le quartier Hauts de Vallières compte 1200 habitants, “c’est un village dans des barres d’immeubles”, selon Hugues Varachaud. Situé entre un quartier populaire, de grandes résidences de professions libérales, et le village de Vallières, l’association réunit des publics de tous milieux sociaux au sein de ses espaces partagés. “Les animaux sont de bons médiateurs. Ils attirent les gens et ça nous permet de travailler avec une mixité sociale. Les gens ne viennent pas forcément pour faire de l’écologie et on les prend au piège parce qu’il y a un âne”, raconte, amusé, le directeur.
“On a la chance d’être au pied d’un quartier populaire. C’est là où il y a le plus de besoins. On sait qu’on sert à quelque chose, on se sent utiles”, affirme, fièrement, Hugues Varachaud.
Souvent en écologie, on est entre-soi alors que les personnes qui ont le plus besoin d’être sensibilisées à l’environnement, ce sont celles qui en sont le plus éloignées. Quand les gens partagent un moment aux « Coquelicots », ils oublient qu’ils sont au pied d’un immeuble, et le côté humain ressort rapidement.
A travers la découverte de la nature et de l’environnement, l’association met ainsi en avant le savoir-être, le faire ensemble et le lien social. “Les gens adhèrent à ça, surtout en ce moment. Le fait de se marrer ça fait du bien”. Au sein de CPN « Les Coquelicots », comme dans la nature, il n’y a pas de discrimination.
Une pédagogie active
Destiné à tous les publics, « Les Coquelicots » proposent des animations auprès d’enfants, de parents et de personnes âgées. “On fait de la sensibilisation, qui dit sensibiliser, dit bien identifier son public”, rappelle Hugues Varachaud. Lié à l’humain, les actions de l’association sont donc concrètes avec une approche très ludique.
Pour nous expliquer la pédagogie mise en œuvre au sein des « Coquelicots », Hugues Varachaud reprend le célèbre dicton de Confucius: “J’entends et j’oublie. Je vois et je me souviens. Je fais et je comprends.” A Metz Hauts de Vallières, le maître mot est “faire”. Pour comprendre le monde dans lequel on vit, les écosystèmes, les équilibres : il faut pratiquer. C’est une pédagogie active. L’enfant ou l’adulte est au cœur de son apprentissage, “on ne fait pas à sa place, mais on lui fait faire”.
Les approches pédagogiques sont multiples afin de s’adapter à chacun. Pour attiser la curiosité, une approche comportementale est mobilisée via “des activités avec des odeurs, des sons, des textures ou des aliments”. Une approche méthodologique, fondée sur le savoir faire, est aussi développée, comme “des jeux de rôle pour savoir argumenter”. Bien sûr, l’approche pragmatique est aussi fondamentale pour apprendre en pratiquant, comme “creuser un trou pour faire une mare”. Cette variété de sensibilités permet à tout le monde de faire mais avec une approche différente, qu’il ait 3 ou 22 ans.
De grandes ambitions
L’association a récemment proposé à la mairie de Metz un projet nommé EPPINE, espace pédagogique et populaire d’initiation à la nature et l’environnement. Le souhait de CPN « Les Coquelicots » est de créer des séjours “Metz ville nature” en installant des gîtes écologiques, des dortoirs, une salle polyvalente, un marché…
En cette fin de matinée de vacances scolaires, les grands-parents et leurs petits enfants repartent conquis : “c’est merveilleux”.
Yann Besson