C’est sur l’île du Saulcy que se cache l’espace Bernard-Marie Koltès, le théâtre universitaire dirigé par Lee Fou Messica. Cette dernière a fait prendre un tournant engagé, accessible et contemporain à ce lieu de représentation qui accueille chaque année artistes, étudiants et plus encore.
Derrière les baies vitrées de ce bâtiment universitaire à priori lambda, se cache l’antre de Lee Fou Messica, directrice artistique de l’espace Bernard-Marie Koltès, un théâtre pas comme les autres. Sous son égide, ce lieu de représentation a revêtu un costume de « hub citoyen ».
C’est après avoir passé 27 ans au théâtre Les Déchargeurs à Paris, que Lee Fou Messica a repris la direction de l’espace Bernard-Marie Koltès, le théâtre universitaire de l’île du Saulcy. Grâce au projet qu’elle porte, il est reconnu depuis 2017 comme « scène conventionnée d’intérêt national », une appellation donnée par le ministère de la Culture qui vise à mettre en avant la qualité de son programme artistique et son accompagnement de la création.
Un théâtre accessible à tous
Surprise lorsque l’on pousse la porte de la salle : c’est bien une pièce aux sièges rouges qui nous accueille, mais en format miniature. « Il n’y a que 144 places » précise Lee Fou Messica. Petite, mais profitable. L’espace Bernard-Marie Koltès semble ainsi moins imposant. Ce qui permet aux plus éloignés de la culture de s’y sentir également accueillis. Et cela sans sacrifier la qualité et l’émotion du théâtre.
La directrice et son équipe mettent alors un point d’honneur à être accessible au plus grand nombre. Un modèle ressemblant au théâtre national populaire de Jean Vilar.
Un éloignement physique, géographique, et financier. Une problématique à laquelle l’espace Bernard-Marie Koltès est familier puisqu’il s’adresse en partie aux étudiants. L’équipe du théâtre y remédie alors de différentes manières. La première est de proposer un tarif unique et moins cher pour les étudiants, celui de 5,99€. La deuxième est de créer une programmation dense, à hauteur de trois ou quatre spectacles par mois et de présenter trois fois chaque spectacle : le jeudi 18h pour les étudiants, le vendredi 14h pour les scolaires et le vendredi 20h pour le grand public. Enfin, il propose des résidences aux artistes partagées avec le public. L’idée est que l’on puisse assister à leur travail gratuitement.
Un projet d’écritures contemporaines
L’engagement de l’espace Bernard-Marie Koltès ne s’arrête pas seulement à son accessibilité, il se retrouve également au travers des thématiques traitées dans les spectacles. Sur l’arrière de la veste de Lee Fou Messica, estampillée « Université de Lorraine », nous pouvons y lire la notion d’« écritures contemporaines ». Une notion venant de Bernard-Marie Koltès lui-même : « Il est la porte d’entrée de l’écriture contemporaine », explique la directrice artistique. Le théâtre universitaire s’efforce alors de les faire découvrir tout au long de ses saisons. Ces écritures contemporaines sont « en connexion avec la vie de tout un chacun et de tous les jours ». Ce qui est appuyé par le fait que le théâtre fasse appel à tous les sens. Une manière, selon la directrice artistique, d’infuser les thématiques abordées et de s’armer pour affronter la réalité. Le théâtre donne également la possibilité aux spectateurs de poser des questions aux artistes après les spectacles. Une manière, pour tous, de s’enrichir grâce au partage rendu possible.
Les écritures contemporaines prennent vie à travers une programmation qui peut d’abord paraître « pas vraiment sexy ». Ces spectacles dépeignent des réalités parfois dures, prenant racine dans les trois thématiques maîtresses présentes à chaque saison : « La société en maux », « Le corps dans tous ses états » et « Etranger ? ». L’idée est que ces problématiques se promènent dans les différentes représentations et qu’elles mettent en lumière des choses parfois banalisées. Le but de Lee Fou Messica est d’inciter à la curiosité et de former l’esprit critique des spectateurs sur ces sujets importants. L’espace Bernard-Marie Koltès revête alors le chapeau de théâtre engagé et de « hub citoyen ».
Le 5 octobre aura lieu l’ouverture de la saison 2022-2023, l’occasion pour Lee Fou Messica et son équipe de lever le rideau sur de nouveaux projets engagés.
Article par Camille Vari et Marie Vin