Benyamin Netanyahou sera reconduit à ses fonctions de Premier Ministre suite à sa victoire aux élections législatives, hier, en Israël. Mais cette victoire plus courte que prévue va l’obliger à composer avec les deux autres gagnants des élections: Yesh Atid à sa gauche et Maison Juive à sa droite.
C’est une victoire en demi-teinte. Car la coalition menée par Israël Beitenou et par le Likoud, le parti de Netanyahou, perd onze sièges au Parlement (31 sièges obtenus sur 120). Des places récupérées par le parti centriste Yesh Atid et son leader Yaïr Lapid, qui effectuent une percée importante en obtenant 19 sièges, soit le deuxième score de ces élections. Un résultat que les observateurs et la presse n’avaient pas du tout anticipé. Et pourtant, tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire que Yaïr Lapid, débarqué sur la scène politique depuis qu’il a quitté le journalisme début 2012, a su mener une campagne centrée sur les pré-occupations « sociales » (emploi, impôts, éducation, pouvoir d’achat, etc…) et trouver un écho important chez les Israéliens.
Pour le quotidien israélien Haaretz, cité par Mediapart, « Nétanyahou a échoué parce qu’il n’avait rien de plus à dire (…), il a mené une campagne pathétique et ses photos entouré de soldats sur sa page Facebook ne parlaient pas aux Israéliens. En revanche, Lapid a su adapter sa campagne aux vrais intérêts des électeurs. »
Ce revers de la coalition de droite menée par le Premier Ministre sortant va le contraindre à composer un gouvernement large d’union nationale et à se livrer à un numéro d’équilibrisme politique difficile. Benyamin Netanyahu n’aurait « pas d’autre choix que de proposer un des trois grands ministères: la Défense, les Affaires étrangères ou les Finances à Yaïr Lapid » selon Le commentateur de la radio militaire. Le Premier Ministre a d’ailleurs invité Yaïr Lapid à rejoindre « une large coalition » et lui expliquant qu’ils avaient de « nombreuses choses à faire ensemble ». À sa droite, Netanyahou devra aussi tenir compte des partis nationalistes et sionistes comme Maison juive et Shass, résolument affirmés sur les questions sécuritaires et religieux et diamétralement opposés à l’anticléricalisme prôné par la nouvelle force centriste Yesh Atid.
Ses marges pour manœuvrer seront donc plus que réduites sur nombre de sujets. Une telle coalition de forces éclectiques pourrait mener à un blocage sur la politique israélienne. Quid de la colonisation des territoires palestiniens, notamment à Jérusalem-Est ? Quid de la fermeté et de l’attitude à adopter envers l’Iran et son programme nucléaire ? Que deviendra, pour les quatre années à venir, le processus de paix israelo-palestinien ? La ligne politique à tenir à l’issue de ce scrutin parait bien incertaine.
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