Cessation de paiement, liquidation totale, plusieurs boutiques du centre de Thionville ont mis la clé sous la porte depuis le début de l’année. Les commerçants pointent du doigt les zones commerciales en périphérie. Face à l’immobilisme des élus, le collectif « sacrifiés » s’est créé. Une vingtaine de ses membres est venu, samedi 30 novembre, perturbé l’inauguration du marché de Noël.
« On ne parle pas à la presse, aujourd’hui, on veut juste être vu », s’exclame Olivier Janot, porte-parole local du mouvement des « sacrifiés. » Mission réussie pour la vingtaine de manifestants silencieux réunie place du marché. Churros et bretzels à la main, les passants s’arrêtent et examinent les slogans des pancartes « la fiscalité oui, le racket stop », « sans artisanat pas de création d’emplois ».
La mort des centres villes ?
Créé par l’Union professionnelle artisanale (UPA), les collectifs « sacrifiés » fleurissent partout en France. Ils réclament une diminution des charges et déplorent un développement incohérent des zones commerciales. À Thionville, un projet de centre commercial écologique au bord de l’A31 fait bondir les commerçants. Au sein des manifestants, une chef d’entreprise se désole : « le manque d’attractivité au centre-ville entraine une baisse de la fréquentation. Je suis contrainte de fermer mon commerce à la fin de l’année. » Sept autres magasins sont dans la même situation.
Confusion
Selon le collectif les élus présents sur place pour l’inauguration du marché de Noël n’ont pas tenu leur promesse. Un accord avait été établi avec la mairie, ils devaient évoquer l’action du collectif. « Faux, je n’ai jamais pris cet engagement » répond Bertrand Mertz. Pour le maire de Thionville, c’est le collectif qui n’a pas respecté sa promesse. Vendredi 29 novembre, élus et leaders du mouvement s’étaient réunis. D’un commun accord, les manifestants devaient stationner silencieusement et ne pas défiler. Seulement, à la fin de la cérémonie, Olivier Janot, armé d’un mégaphone, a rompu le silence. Et a commencé à énumérer les revendications du mouvement. Puis, les manifestants ont entamé une marche dans le centre-ville. « On n’en restera pas là », conclut Olivier Janot. Les commerçants semblent déterminer à tenir leur promesse.
Un collectif isolé
« Les sacrifiés » de Thionville n’ont pas reçu le soutien de leurs représentants. Christian Nosal, président de la Chambre des métiers et vice-président de l’UPA se désolidarise du mouvement. La manifestation de samedi est selon lui un paradoxe pour plusieurs raisons. Tout d’abord, « les sacrifiés » est un mouvement national. De plus, ce rassemblement a perturbé un évènement qui accroit la fréquentation du centre-ville et de ses boutiques. Enfin, la hausse de la TVA est un problème national « C’est l’Etat qu’il faut secouer pas le local ». Selon le président de la Chambre des métiers, une manifestation devant la sous-préfecture aurait été un choix plus judicieux. « On avait l’impression que c’était une attaque contre le maire », conclut Christian Nosal.
La mairie partage cette analyse. A trois mois des municipales, Bertrand Mertz perçoit le collectif thionvillois, comme une stratégie mise en place par l’opposition pour nuire à sa candidature. Malgré tout, le maire socialiste reconnait que la situation des commerces du centre-ville est plus critique que celle des autres magasins de l’agglomération. D’ailleurs, il organisera une table ronde sur cette problématique en janvier 2014. L’Association pour l’expansion commerciale et économique de Thionville (Apecet) et le collectif des « sacrifiés » devraient expliquer les difficultés des commerces du centre-ville au sous-préfet, dans l’espoir que ce problème local trouve un écho auprès des instances nationales.
Si le collectif n’a pas souhaité répondre à nos questions, les commerçants du centre ont accepté d’évoquer leurs mécontentements. Tous ont affichés la pancarte noire « sacrifiés, mais pas résignés. »
GERANTE D’UNE BOUTIQUE DE VÊTEMENTS, Place du marché
ARMURIER, Rue de Paris
Les photos de la manifestation des » sacrifiés » de Thionville