A l’heure où les révoltes civiles survivent dans les pays maghrébins, en France, d’autres s’organisent et se forment à l’action directe non violente. A travers des stages de deux jours, des militants associatifs et politiques apprennent à désobéir.
Xavier Renou, militant hyperactif
Ancien militant de Greenpeace, il est aussi membre actif du collectif « Génocide made in France » et « Sortir du nucléaire ». Par la suite, il crée avec d’autres militants associatifs un collectif innovant qu’ils appellent « les désobéissants ». Dynamique et souriant, le formateur est loin de l’image que l’on se fait des vieux révolutionnaires. Les stages ont débuté en 2006, aujourd’hui le militant parcourt la France toutes les semaines pour animer des stages de désobéissance civile.
« On ne désobéit pas à n’importe quoi »
La mode est à la désobéissance civile, même si dans le pays de la liberté qu’est la France, les mobilisations sont très peu entendues dans les plus hautes sphères du pouvoir. A quoi désobéit-on ? Xavier répond qu’on peut désobéir à à peu près tout, du moment qu’on juge que cela est injuste ou illégitime. Les thèmes les plus récurrents sont les luttes contre les OGM, contre le nucléaire, contre la publicité intempestive, contre les armes à feux ou encore contre l’expulsion des sans-papiers. Des luttes qui se caractérisent par des actions plus ou moins importantes qui n’aboutissent pas toujours à des succès pour les militants.
Le but de ce stage est donc d’intégrer un processus de réflexion au sein du groupe de militants, destiné à mettre en place une action directe non violente et surtout rationnelle. Pour ce faire, il est nécessaire pour les activistes de maîtriser certaines données qui peuvent s’avérer primordiales dans la réussite d’une action de désobéissance.
Les journalistes sont vos amis
Quand José Bové prend 3 mois de prison ferme pour avoir démonté un Mac do, ce sont les journalistes qui publient une photo de lui menottes en l’air. Il se sert des journalistes pour créer l’engouement auprès de l’opinion publique. C’est d’ailleurs ce que prônent les désobéissants.
« Toute action doit être annoncée et assumée » explique Xavier Renou.
Avec une partie pratique et une partie théorique, la formation aborde les aspects juridiques liés au militantisme actif (simulation de garde à vue par exemple) mais aussi les aspects pratiques qui peuvent jouer en faveur des militants. Des choses toutes simples mais primordiales sont inculquées lors de ces journées : apprendre à rédiger des communiqués de presse, à négocier avec les intéressés avant la mise en place des actions…
Les médias permettent aux militants d’avoir un écho auprès de l’opinion publique mais aussi de se protéger des forces de l’ordre dans certaines manifestations. Des jeux de rôle rythment le stage et lorsqu’un policier fictif essai de maîtriser un militant au sol, le formateur n’oublie pas de lancer : « il faut faire attention à ce qu’il y ait toujours un journaliste au cas où sa dégénère. Ils aiment les belles images et ça peut nous servir aussi ! »