De manière générale, la réflexion sur les formations en journalisme est peu abordée en France. Différents enjeux rythment cette quatrième table ronde, notamment la question de l’écriture multimédia.

tr4_webullition

Nicolas Pélissier, professeur à l’université de Nice, remarque : « il y a peu de recherches sur les formations en journalisme, surtout sur cette question de cyberjournalisme ». De plus, les enseignants et les étudiants ont très peu d’idées de ce qui se fait dans ce domaine. Il y a donc nécessité d’un dialogue entre professionnels et enseignants-chercheurs.

Pour ce spécialiste des médias, il ne faut pas voir le web comme purement technologique, mais il faut porter une réflexion sur la compétence encyclopédique. Selon lui, on ne peut penser le multimédia, sans penser l’écriture multimédia. « Ce qui commence à se faire doucement dans quelques écoles, reconnues ou non, comme l’IFP, l’IUT de Lannion, l’ESJ ou l’IUT de Cannes »..

Quatre points majeurs

Pour cette table ronde, quatre enjeux se distinguent selon Nicolas Pélissier. Tout d’abord, socio-économique avec la particularité que le modèle économique sur le web n’a pas encore été trouvé, même si quelques modèles vivotent plus ou moins bien. « Le problème de rentabilité se pose », explique Nicolas Pélissier. Un modèle inexistant et donc impossible à apprendre aux jeunes journalistes. Cet enjeu sera présenté par le sociologue et chercheur au CNRS ainsi que spécialiste des médias, Jean-Marie Charon. Ce dernier travaille actuellement sur le passeport professionnel.

Le second concerne l’éthique et la déontologie et sera exposé par Daniel Cornu, journaliste, écrivain, enseignant et médiateur de presse. Il a notamment été nommé en 2009 président du comité d’éthique et de déontologie à l’université de Genève. Le sujet est celui de l’émergence des amateurs, qui se sont démultipliés sur Internet. Nicolas Pélissier remarque que « les cours de déontologie n’ont pas évolué dans ce sens ».

Le troisième enjeu est celui de l’écriture. « C’est là où il y a le plus à faire car le multimédia pose des problèmes inédits ! » Selon Nicolas Pélissier, il faudrait intégrer une écriture multimédia dans les stratégies rédactionnelles des entreprises de presse. Ce sujet est débattu par Florence Le Cam, de l’université de Bruxelles et anciennement enseignante à l’IUT de Lannion, ainsi que Benoît Grévisse, professeur à l’université de Louvain (Belgique), directeur de l’école de journalisme de Louvain et Olivier Lambert, intervenant en cours de webdocumentaire (auteur de brèves de trottoir) à l’IFP et journaliste free lance.

Le quatrième et dernier enjeu est présenté par Michel Agnola, professeur à l’université de Metz et ex-directeur du département multimédia au CFPJ. Comment intégrer l’innovation technologique dans les stratégies et l’offre de formation au journalisme ? Le débat porte sur la conception de ces enseignements. Faut-il des diplômes spécifiques au journalisme multimédia ? « Il y a beaucoup de réticences de la profession. Est-ce que l’on a vraiment besoin de journalistes spécialisés ? », s’interroge le professeur de Cannes.

Cette quatrième table ronde se déroule vendredi 2 décembre de 10 h à 12 h 15. Elle est animée par Nicolas Pélissier, professeur à l’université de Nice, et Philippe Amez-Droz, ancien journaliste et collaborateur à l’université de Genève.