Le 21 septembre dernier, il y avait foule à la libraire « Autour du monde » à Metz. L’événement du jour ? Le retour au bercail d’Aurélie Filippetti. L’ancienne ministre de la Culture fait son « come-back » sur la scène littéraire avec la publication de son roman Les idéaux (Fayard). Elle revient après près de douze ans d’absence, son dernier roman personnel, Un homme dans la poche (Stock), ayant été publié en 2006.
En parcourant des yeux seulement la couverture sans chercher à lire le résumé, les Idéaux parait être un roman strictement politique. Un roman qui n’aurait rien d’extraordinaire, écrit par une ancienne personnalité politique dans le but de justifier son retour mais également de réaffirmer ses valeurs. La réalité est pourtant beaucoup plus compliquée car l’auteure semble avoir voulu mettre en exergue une histoire d’amour. Oui, oui, une histoire d’amour comme nous en lisons très peu dans les romans dits « politiques ». Une question très peu discutée au sein de l’opinion publique : celle de l’amour entre deux personnes ayant des divergences politiques. Car, les deux personnages principaux dépeints par l’auteure, un homme et une femme en l’occurrence décident de former un couple. Ils rabaissent sans cesse cette relation, la laisse dans l’ombre afin de n’essuyer aucune critique. Elle reste cachée et est presque contre-nature aux vues des questionnements ou des frictions qui saisissent les amants. Le couple mixte au prisme des idéaux politiques, voilà le fil rouge de l’ouvrage ? La volonté de l’auteure a peut-être été ici de mettre simplement en lumière un sujet de société universel mais pourtant trop peu traité.
Un amour commun de la politique
Les deux personnages pourtant issus de deux formations politiques différentes ont en commun leur amour du politique. Ils ne partagent pas la même vision quant aux questionnements qui traversent notre société mais parviennent à coopérer et même à s’aimer. Tel est le message du roman. Ils sont liés par leur amour de la France, leur fierté d’occuper leur poste. D’ailleurs, le premier chapitre est entièrement consacré au drapeau français et à ces valeurs et la politique est présente y compris lors des passages qui baignent dans le romantisme. L’héroïne considère la politique comme un devoir, elle se sent investie d’une mission, celle de représenter une certaine partie de la population. Elle exhorte même son amant à choisir un côté, elle se demande quel groupe de la population il représente au vue de son origine sociale. En réalité, cette dernière lie son envie de faire de la politique à son envie de justice sociale et d’égalité. Partant du principe qu’une partie de la population est lésée, elle souhaite la défendre et la représenter.
Un constat amer de la place des femmes en politique
Au fond, à travers cette histoire d’amour secrète, l’auteure se livre peut-être aussi sur son vécu personnel en tant que femme. Un vécu inextricablement mêlé à la politique. À plusieurs reprises, elle décrit un milieu hostile aux femmes, où ces dernières sont très minoritaires. Un lieu où les femmes sont décrédibilisées, où leur démarche est mise de côté et où leurs idéaux importent peu. Des femmes qui n’ont de cesse de se battre afin d’affirmer leur place dans l’hémicycle malgré la haine et les stéréotypes auxquels elles font face.
L’auteure appelle même de ses vœux l’instauration d’une solidarité féminine qui irait bien au-delà des divergences politiques. Comme l’histoire d’amour qu’elle raconte.
Crédit photo : Joël Saget, AFP
Noujoud Rejbi