L’espace Bernard Marie Koltès présentait le 5 octobre le programme de la saison 2022-2023. Entre l’annonce des différentes représentations et la soirée festive, nombreux ont souhaité y assister. Mais un public était pratiquement absent de l’événement : les jeunes.
Le public est venu en nombre à la soirée de présentation de la nouvelle saison du théâtre de l’espace Koltès. C’est un lieu consacré au théâtre situé sur l’île du Saulcy, au cœur de l’université de Metz. La directrice, Lee-Fou Messica, annonce le programme de la soirée dans le hall de l’établissement où le public attend en discutant. Après la présentation se tiendra un cocktail et un karaoké. Les invités auront également l’honneur d’essayer des gilets vibrants à destination des spectateurs malentendants.
A 18h, le public est invité à s’installer dans l’une des salles du théâtre. Des sièges sont installés sur la scène, et un diaporama annonce le début de la conférence. Plusieurs invités d’honneur prononcent tour à tour un discours pour l’occasion, érigeant le Koltès en tant que joyau du campus du Saulcy. Hélène Boulanger, la présidente de l’université, affirme “l’université sans espace culturel, l’université sans théâtre, il manque quelque chose”. “Le théâtre est en plein milieu de la vie étudiante”, comme le dit Remy Dick, vice-président du Conseil Départemental de la Moselle. Patrick Thil, adjoint au maire chargé de la culture ajoute “l’étudiant est consommateur de la culture par essence”.
Ces discours insistent fortement sur la jeunesse, alors que l’audience se compose surtout de têtes grisonnantes. Les jeunes se comptent sur les doigts d’une main. “Regardez autour de vous, il n’y a que des personnes autour de 50 ans” déplore Anaïs, une étudiante en médiation culturelle à qui il arrive de travailler pour le théâtre. D’après elle, l’absence des jeunes étudiants en salles s’explique par le manque de temps mais aussi par la méconnaissance du milieu.
“Le Koltès est un super lieu mais pas si connu que ça”, Anaïs a des idées pour promouvoir l’espace BMK auprès des jeunes, si l’occasion de collaborer avec se présente. Justin, un autre jeune spectateur, remarque que ceux qui vont au théâtre sont souvent des personnes ayant déjà un pied dans le milieu. D’après lui, ce monde peut être obscur pour les autres “Je pense que les jeunes n’ont pas les bonnes informations et ont beaucoup d’a priori sur le théâtre”.
“Il faut rendre la culture et l’art théâtrale accessible à tout le monde”
Pour attirer les jeunes, l’espace Bernard Marie Koltès opte pour plusieurs options. Grâce à un tarif spécial, les étudiants peuvent profiter d’une représentation à 5,99 euros au lieu de 18,99 euros. “Il y a aussi les Résidences qui sont gratuites dans la limite des places disponibles”, souligne Lee-Fou Messica, directrice du théâtre. Accueillant différentes troupes de théâtre, les “Résidences” permettent au public d’assister aux répétitions. “Il faut rendre la culture et l’art théâtral accessible à tout le monde”, renchérit la directrice.
Les pièces contemporaines sont aussi tournées vers des sujets qui touchent et parlent aux jeunes. “La Honte” évoque l’agression d’une doctorante par son enseignant. Quant à la pièce “Paranoïd Paul”, elle aborde le thème du harcèlement. Justin, qui est un jeune comédien, est venu avec deux membres de sa troupe de théâtre. Ils sont beaucoup à avoir fait leurs études sur l’île du Saulcy dans le groupe. Maintenant, c’est à leur tour de se représenter à l’espace Bernard-Marie Koltès avec des pièces à destination des jeunes “C’est à nous de montrer justement que les pièces de théâtre s’adressent aussi à eux”.
Marie Rabin & Emmanuelle Miroux