Éditorial. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, a confirmé l’interdiction des téléphones portables dans les écoles et les collèges à la rentrée 2018. Cette réforme du système scolaire est, pourtant, en contradiction avec le développement des établissements numériques en France.
Bannir l’usage des téléphones portables dans l’enceinte des écoles primaires et des collèges, c’était l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Dimanche 10 décembre, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a confirmé cette interdiction pour la rentrée 2018. Cette mesure favoriserait la concentration en cours et les rapports interpersonnels entre les élèves en récréation. Elle permettrait d’éviter la triche et de lutter contre le cyberharcèlement.
Les syndicats enseignants et les associations de parents d’élèves s’interrogent sur la mise en place d’une telle interdiction. En septembre, des « casiers qui ferment » sont évoqués comme solution potentielle par Jean-Michel Blanquer et des sanctions seraient prévues en cas de non respect.
La faisabilité de cette mesure pose question. Le personnel n’a pas le droit de fouiller les élèves et ne peut pas confisquer un téléphone portable puisqu’il n’est pas considéré comme un objet dangereux. Le ministre de l’Education nationale étudie les modalités d’application pratique de cette réforme.
Plan numérique pour l’éducation
L’interdiction du gouvernement actuel à l’encontre des téléphones portables est en opposition avec le déploiement des écoles numériques.
En mai 2015, François Hollande lance « Le plan numérique pour l’éducation ». Il a pour but de permettre aux enseignants et aux élèves de « profiter de toutes les opportunités offertes par le numérique ». Le ministère de l’Éducation nationale s’engage alors dans le déploiement des usages du numérique à l’École afin de transformer les pratiques pédagogiques et d’améliorer les apprentissages. Or, c’est ce que permet l’utilisation encadrée d’un téléphone portable.
Aujourd’hui grâce au numérique, 67% des élèves trouvent les cours plus intéressants et 57% des élèves se sentent plus concentrés.
Le plan numérique pour l’éducation permet aux élèves de développer des compétences numériques indispensables dans le monde du travail. Leur insertion professionnelle est donc favorisée.
L’éducation aux médias sociaux et à l’information contribue à la formation de citoyens responsables. De plus, le numérique participe à l’égalité des chances en réduisant les inégalités scolaires, culturelles et sociales.
Puisque l’école numérique apporte de bons résultats, pourquoi ne pas continuer dans cette voie ? Force est de constater que le gouvernement actuel s’emmêle les pinceaux et ne sait plus sur quel pied danser. D’une part les écoles numériques se développent depuis 2016 et de l’autre l’interdiction des téléphones portables sera mise en place en 2018.
Ne faudrait-il pas éduquer les élèves au numérique, comme le font ces écoles, au lieu d’interdire le téléphone portable ? Se focaliser sur une politique unique permettrait à Jean-Michel Blanquer de se pencher sur d’autres sujets qui nécessitent son attention. Notamment le décrochage et la phobie scolaire…
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