Près d’un Français sur deux n’ira pas voter dimanche au premier tour des Régionales, selon les derniers sondages. Rencontre avec quelques-uns de ces pêcheurs à la ligne.
46%, tel serait le taux d’abstention, selon un sondage Ifop, pour les régionales de 2010, dont le premier tour a lieu après-demain. Contrairement à l’élection présidentielle et aux élections municipales, la population semble se désintéresser complètement du sujet.
Certaines personnes vont même jusqu’à multiplier les excuses, comme au temps de l’école primaire où l’on prétextait que le chien avait mangé notre devoir. Un panorama des différentes raisons qui font que les gens n’iront pas voter s’impose donc.
Le désintérêt
Le premier argument qui ressort de la bouche des électeurs, c’est tout simplement le fait qu’ils ne s’intéressent pas à la politique, et encore moins aux élections régionales. « A part les municipales parce qu’il s’agit de ma ville et l’élection présidentielle, je ne porte aucun intérêt pour la politique et je n’y comprends rien, explique Audrey, 33 ans, secrétaire de rédaction, de Barst. Les régionales ne font pas partie de mes préoccupations actuellement. » Et Audrey n’est pas la seule à ne pas s’informer sur les prochaines élections, comme en témoigne Jean-François, 22 ans, d’Attilloncourt : « On ne sait pas qui se présente, on ne les connaît même pas ! Je trouve qu’ils ne communiquent pas suffisamment. » D’autres, comme Emilie, 23 ans, étudiante en français et en langues étrangères ont boycotté les médias : « Je n’ai allumé ni télé, ni radio, ni ouvert des sites internet d’informations ou de journaux depuis plusieurs mois, car je n’ai pas l’intention de rester dans ma région. »
Le rejet
« La politique, c’est comme le catch, on s’insulte, on se bagarre sur le ring et dans les vestiaires, après le show, on se fait la bise et on va dîner ensemble, ironise Mammar, 25 ans, sans emploi. « Les politiques prétendent se disputer sur des détails pour nous faire oublier qu’ils sont toujours d’accord sur des sujets plus importants, comme à l’époque avec la Constitution Européenne. » Comme Mammar, ils sont plusieurs à ne plus croire en les promesses des hommes politiques, à ne plus boire leurs paroles, et c’est pour cela qu’ils n’iront pas dans l’isoloir ce dimanche. « Je ne crois plus en eux ! s’exclame Marjorie, 24 ans, de Forbach, je trouve que ceux qui sont au chômage et qui ne bénéficient d’aucune aide comme moi sont exclus du système. Les politiques ne s’intéressent pas aux jeunes ! » Et les jeunes ne sont pas les seuls à croire qu’ils sont mis de côté et que leur bulletin de vote ne changera rien. « Les personnes qui seront élues le 21 mars feront de toute façon par la suite ce qu’elles ont envie de faire pour la région ! On ne nous demandera pas notre avis ! », déclare Sylvain, 45 ans, machiniste sur les chemins de fer.
L’embarras du choix
Au total, 13 partis se présentent pour les élections régionales de 2010 en Lorraine. Un large choix de candidats et de programmes qui décourage quelques citoyens. « Je ne serai pas là pour aller voter dimanche, raconte Geneviève, 69 ans, retraitée, mais si je devais me rendre dans les bureaux de vote, je ne saurais pas qui choisir ! »
Mardi, bon nombre d’habitants ont découvert dans leur boîte aux lettres les fameux tracts des différentes listes, comme Michèle, 50 ans, mère au foyer : « Il y a beaucoup trop de choix et du coup, on ne sait absolument pas pour qui voter ! S’il n’y avait que deux ou trois partis on s’en sortirait mais là on est un peu perdu dans cette masse de candidats ! »
Le plein d’excuses
Enfin beaucoup de personnes prétextent qu’elles seront absentes le 14 mars ou qu’elles n’ont pas les papiers nécessaires pour aller voter, comme Aline, étudiante en anglais et actuellement en Irlande. « Je ne reviens que le 28 mars dans ma région mais j’avoue que je n’ai absolument pas pensé à une dérogation ! Je n’étais pas au courant qu’il y avait des élections cette année. » Même son de cloche du côté de Sarah, 22 ans, opticienne, qui n’a pas pensé au fameux sésame pour aller voter. Une chose est sure, la grande gagnante des élections régionales cette année sera une nouvelle fois l’abstention.