Deux semaines après l’annonce du Président Hollande sur l’intervention de l’armée française au Mali, une enquête est déjà menée sur les crimes de guerre. Elle a été ouverte le 16 Janvier par le procureur de la Cour pénale internationale et concerne les crimes de guerre présumés et commis depuis janvier 2012. Mais il y a déjà eu des dénonciations sur ce type de crime en mars 2012. Le président malien, Amadou Toumani Touré, a fustigé les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad, les accusant de massacrer des dizaines de soldats maliens désarmés. Selon lui, 70 soldats gisaient au sol. La plupart des soldats noirs avaient les poignets ligotés dans le dos et étaient tués d’une balle dans la tête. Ceux qui étaient de couleur blanche ont été égorgés ou éventrés. Alors le chef d’État malien s’est plaint du silence des organismes internationaux sur ce qu’il appelait des atrocités. Il s’est interrogé sur le rôle de la Cour Pénale Internationale.
Mais la Cour Pénale Internationale a parlé, et maintenant les soupçons se portent sur l’armée malienne. Il y a des témoins : des voisins des villages du nord libérés par cette armée avec le soutien indispensable de la France. Ils parlent de l’existence d’une chasse à l’homme. “A Mopti,(…) les enquêtes ont montré que les islamistes ont déjà des représentants dans la ville. L’armée dispose d’une unité qui mène ses propres recherches. Certains sont arrêtés et fusillés » confie un habitant de cette ville au journal Le Monde. Aussi, les journaux ont montré les coups d’un soldat malien sur un individu soupçonné d’appartenir à un groupe islamiste, et les menaces adressées au photographe.
Dans les régions libérées du nord, la peur perdure à cause d’ un possible retour des islamistes. Il y a beaucoup de tensions entre les différents ethnies : les Songhaï, Touareg, Arabes et Maures. Mais aussi entre les Maliens et les indépendantistes. Le pays est une poudrière où règne la méfiance. Aussi les Maliens dénoncent avec excès dès qu’ils pensent que tel ou tel individu est un islamiste. Le doute persiste, l’avenir des personnes arrêtées reste méconnu.
Autre polémique, la présence des enfants-soldats dans des groupes jihadistes. Les associations non-gouvernementales l’ont déjà dénoncée. Ainsi que les exécutions sommaires et les disparitions concernant des soldats de l’armée régulière malienne.
Depuis presque deux semaines, l’armée française est au Mali. La communauté internationale a donné sa vision, elle inclue l’ONU et son Comité de sécurité complexe, avec l’accord de la Chine et de la Russie. La couverture médiatique aussi est présente ces derniers jours. Il ne manquait plus que la Cour Pénale Internationale. Maintenant, la Cour observe des meurtres, des mutilations, des pillages, des viols, des soldats-enfants, les stigmates même de la guerre. Un conflit qui a commencé au Mali bien avant ces deux dernières semaines. Elle dure depuis au moins une dizaine d’années, avec ses meurtres, ses mutilations, ses pillages, ses viols, ses enfants-soldats, ses crimes. Mais à l’époque, il n’y avait ni jihadiste, ni armée française.