Si la presse ne fait plus les édiles, elle n’est pas moins importante dans l’animation d’une campagne. Les élections régionales de mars 2010 confirment la montée d’Internet dans les usages des politiques de la Région. Dossier
Quelques politiques jugent le travail des journalistes pendant la campagne
Pas de problème pour Jean Pierre Masseret, le président réélu trouve que la presse régionale fait bien son travail
Les verts n’ont pas égalé leurs performances des européennes de juin 2010. Daniel Béguin, leur chef de file accuse la presse de favoriser une configuration figée du paysage politique
Satisfait des résultats réalisés alors qu’on ne vendait pas cher la peau de leur mouvement, le leader local du Front National, Thierry Gourlot salue particulièrement la presse régionale
Laurent Hénart, tète de liste UMP, avait laissé penser dans un débat qu’il ne siégerait pas comme conseiller régional d’opposition. Le Républicain lorrain a repris l’information le lendemain. Sans lier la défaite à ce fait, Anne Grommeth fustige le ton très affirmatif utilisé par le plus grand tirage de la presse quotidienne régionale.
Ce n’est pas la seule observation de L’UMP. Anne Grommeth estime également que la presse a orienté l’opinion sur des enjeux nationaux, reléguant au second plan les questions régionales
Aucun journaliste ne se reconnait dans cette critique de la Droite locale. Les journalistes estiment avoir mis l’accent justement sur la sensibilisation. C’est l’explication de Philippe Rivet de l’Est Républicain.
A la lumière de cette expérience et des précédentes la presse peut elle faire basculer une élection ? Les réponses de quelques journalistes politiques locaux
Cyril Destracque, le rédacteur en chef de France Bleu Lorraine Nord
Jean Christophe Dupuis Remond, France 3 Lorraine
Jean Louis Baudoux, Radio Jérico
Xavier Brouet, Le Republicain Lorrain
Internet, complément des autres médias
Le dernier né des grands medias n’a pas fait reculer le recours aux supports traditionnels au cours de cette campagne électorale. Les organes de presse et les candidats ont néanmoins montré un intérêt pour les outils du web.
Dimanche 14 mars 2010, la station régionale de France 3 en Lorraine comme toutes les autres en France, n’a pas proposé de soirée électorale en télévision. Une partie importante du personnel a observé une grève ce jour pour protester contre les nouvelles orientations imposées dans le cadre de la restructuration en cours du Holding France Télévisions. Mais France 3 Lorraine en particulier a proposé entre 21H30 et 22H30 une heure d’antenne sur la toile. Jean Christophe Dupuis Rémond a interviewé les principaux acteurs politiques et publié les résultats depuis la Préfecture de Région. Internet s’est donc présenté comme un outil de remplacement ou substitution du média traditionnel. On note tout de même que ce tchat était prévu bien avant la grève. Une opération similaire s’est déroulée au deuxième tour. France 3 Lorraine a introduit le tchat dès la campagne électorale en offrant à chacun des candidats l’occasion de répondre en direct pendant une trentaine de minutes aux questions des internautes. Parlant de la campagne sur Internet, L’Est Républicain, le quotidien, a proposé également des vidéos des tètes de liste répondant aux questions de Philippe River. La rédaction Internet du Républicain Lorrain a également enregistré un nombre important de personnes rencontrées dans les localités de la Région. Les candidats aux Régionales ont proposé des réponses à ses questions qui étaient disponibles pendant la campagne sur le site du journal. La Semaine, dans un partenariat avec l’AFP a proposé sur son site une carte des résultats. Cette carte permettait d’avoir les résultats au fur et à mesure qu’il tombait. Grace à Internet, les médias traditionnels ont varié leur support de publication. Sur l’onglet de la chaine de télévision France 3, on a lu un bon nombre d’articles. Sur les sites des journaux (Républicain Lorrain, L’Est Républicain et La semaine), on a vu un nombre important de vidéos. La quantité de vidéos des sites liés à des supports écrits a particulièrement augmenté. Mais ce déploiement sur Internet n’a pas réduit la dépendance vis-à-vis des médias traditionnels. Les radios, les chaines de télévision et les journaux ont été présents. On remarque néanmoins que la campagne a perdu de sa verve lorsque le sondage régional TNS Sofres/Logica a été publié le 4 mars. Il confirmait une tendance indiquée déjà par plusieurs précédents sondages nationaux
14 mars 2010. Des cameras en grève sur France 3
Les candidats sur Internet
Plus question de se passer de cet outil moderne de communication. Toutes les listes en compétition pour cette élection régionale ont eu un site associé. L’investissement sur la toile a été proportionnel au poids financier de chaque équipe de campagne. Et sur les écrans, on a pu noter que certains ont simplement utilisé les sites habituels des formations politiques. Jean Pierre Masseret , Laurent Hénart et Thierry Gourlot ont développé des sites dédiés uniquement à cette campagne. http://www.masseretlorraine2010.fr/ pour le premier, http://www.laurenthenart.com/ pour le deuxième et http://www.gourlot2010.fr/ . Ce qui laissait pensait que la campagne était organisée autour de leur personnalité. On peut constater une semaine après les résultats que le site de campagne de Masseret est encore dans cette configuration de campagne électorale alors que celui de Laurent Hénart n’a plus rien n’a voir avec cet évènement. Il est reconfiguré comme le site du député de Meurthe et Moselle, adjoint au maire de Nancy et responsable du Parti Radical. Sur le site de Thierry Gourlot, des remerciements témoignent du sentiment de satisfaction tirée de cette opération par le Front National. Sans qu’il y ait une relation de cause à effet, les listes les mieux classées dans cette élection ont fait les moins mauvais investissements dans leur communication Internet. A l’opposé, La liste de Lutte Ouvrière n’avait pas un site propre. Un seul site portait la campagne des listes de ce parti dans toutes les régions de la partie Est de la France.
Les sites étaient également des lieux de documentation pour trouver toutes les informations, les contenus des programmes et le calendrier des activités des différentes équipes de campagne. On retient par exemple sur le site de Jean Pierre Masseret, une série de réponses aux critiques émises sur sa gestion par la droite et la presse parisienne. Sur plusieurs sites, on a pu retrouver les podcasts des prestations des candidats dans les médias. Internet a été un complément utile dans la campagne. C’était un lieu de surexposition des passages des différents candidats dans les médias. Internet n’a, par contre, pas favorisé une plus grande mobilisation de l’électorat. La toile n’a pas rendu la campagne plus populaire. Faut-il conclure qu’en politique, les vieilles méthodes de mobilisation serviront encore pendant quelques années. La réflexion est ouverte.