En juin 2022, Metz a été labellisée « Destination Innovante et Durable ». Une distinction qui lui permet de repenser différemment le rapport entre tourisme (à la fois de loisirs et d’affaires) et développement durable.
En 2021, selon l’Agence Inspire Metz, le nombre total de visites guidées dans l’Eurométropole a augmenté de 16%. Les touristes, s’ils proviennent majoritairement du Grand Est, viennent également d’Ile-de-France (10.17%), mais aussi de l’étranger (21.56%). Rien qu’au Centre Pompidou, 165 041 visiteurs ont été recensés, sur sept mois d’ouverture. La question est de savoir comment Metz se distingue des autres villes touristiques. Elle se démarque notamment par sa position en matière de tourisme plus responsable : elle est en effet classée 3ème ville verte de France. La métropole a même été labellisée « Destination Innovante et Durable », et elle n’hésite pas à communiquer dessus. Pourtant, ce label ne semble pas changer grand chose pour les professionnels du secteur et les touristes… Dans quelle mesure rend-t-il Metz réellement plus attractive ?
Un label qui donne de la visibilité à Metz
Tout débute quand l’agence Inspire Metz obtient la certification ISO 20121. Cette certification montre que Metz sait conjuguer « attractivité et durabilité ». La prochaine étape, c’est la labellisation de la ville en « Destination Innovante et Durable ». Ce label a été créé par l’agence Inspire Metz elle-même. Le Centre Pompidou, l’Eurométropole, le centre Metz Congrès Robert Schuman et l’UMIH57 (Union des métiers de l’industrie hôtelière de Moselle) se sont par la suite joints à ce projet pionnier en tant que partenaires.
Le but de cette démarche, c’est de valoriser la métropole et d’en faire un endroit écoresponsable. Metz est ainsi l’une des sept villes labellisées en juin 2022, aux côtés de Bordeaux, Rennes et Nancy notamment. Cette distinction consiste en huit enjeux et 26 actions. Metz s’engage à mener des actions concernant la mobilité durable ou le gaspillage par exemple, en l’espace de trois ans.
L’Eurométropole s’est ainsi démarquée pour certaines de ses initiatives écologiques. Parmi ses engagements, celui de donner une seconde vie au mobilier utilisé lors d’expositions. Ou encore la réduction de la pollution de l’air : « On favorise le tout-à-pied », indique Valérie Perrin, responsable Ingénierie au pôle Tourisme d’affaires. La ville privilégie les circuits courts, et « encourage à marcher plutôt qu’à prendre son véhicule personnel ».
Plus généralement, l’objectif est de « minimiser l’impact environnemental des conventions et congrès », selon Xavier Bouvet, le directeur d’Inspire Metz fin 2018 (au moment où la candidature de Metz au label a été engagée). Cela concerne aussi bien l’hébergement, le recours à des traiteurs que la prise en charge des transports pour se rendre sur le lieu de l’événement. Cela permet ainsi de baisser les émissions carbone et d’être plus attractif.
« La question du transport est au cœur du tourisme durable », poursuit-il. « 77% des émissions de CO2 viennent du transport dans le secteur touristique » (selon une étude réalisée par l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Il pense notamment au réseau ferroviaire et au cyclotourisme, qui peuvent être développés de façon à réduire encore plus l’empreinte carbone.
Des progrès restent encore à faire
D’après Xavier Bouvet, qui est également le chef du groupe d’opposition « Unis » au conseil municipal, « il n’y a pas de tourisme durable sans transport durable ». Même s’il reconnaît une « excellente » base de départ, il faut encore « développer l’accessibilité de la métropole » pour le tourisme d’affaires. Au niveau des trains, « il manque une bonne connexion vers le Sud » de la France et de l’Europe, précise-t-il. « Les axes ferroviaires sont insuffisamment travaillés » dans ce cas-là en particulier.
En ce qui concerne le tourisme de loisirs, qui est lui aussi concerné par la certification ISO 20121 et par le label « Destination Innovante et Durable », des efforts devront également être engagés dans le cadre du cyclotourisme. « L’objectif est de devenir une ville de vélo, c’est le plus sain », affirme l’élu municipal. « Il faut aussi que les pistes cyclables soient sécurisées et sécurisantes ».
Laurence, consultante à l’Office du tourisme, reconnaît aussi que la mobilité peut encore être améliorée à Metz. Si des navettes gratuites ont été mises à disposition des touristes entre la gare et l’Office du tourisme par exemple, les déplacements à vélo ne sont pas optimaux. Pour contenter une clientèle notamment allemande, la métropole est en constante discussion autour de ce sujet ; le budget consacré à ces questions est actuellement en cours de définition. Pourtant, malgré ces difficultés rencontrées au niveau de l’aménagement des pistes cyclables, la ville est labellisée « Territoire vélo ». De quoi relativiser l’importance de ces labels qui pourraient être interprétés comme une opération de communication.
Metz, 3ème ville verte de France : c’est en partie une opération de communication
Metz valorise également, à travers ce label, ses espaces verts. Ceux-ci apportent une plus-value non-négligeable. « Metz est une ville-jardin« , s’enthousiasme Laurence, à l’Office du tourisme. « Quand je fais des visites, je montre les monuments principaux aux touristes et, sur le chemin, il y a des jardins qui constituent notre patrimoine ». Elle pense aux jardins Jean-Marie Pelt, « précurseur écologique », et à l’Esplanade. Selon elle, les espaces naturels permettent de se détendre. « Le touriste qui a des enfants, ça l’intéresse », ajoute-t-elle. L’objectif de ces zones vertes est également de couper avec les espaces bétonnés ; les arbres aspirent du carbone et rejettent de l’oxygène. Outre les offres de loisirs, la nature permet donc de faire de Metz une destination plus viable.
Les professionnels du secteur touristique n’ont pas le même point de vue que Laurence à l’Office du tourisme. Pour certains d’entre eux, ce label n’est que de la publicité pour la ville ; que Metz possède ce label ne change en réalité que peu de choses. Selon l’Hôtel de la Cathédrale, il ne permet pas d’attirer plus de clientèle ; il n’est pas du tout un frein au développement des activités de l’hôtel. Cependant, l’auberge « est au travail » pour proposer à ses clients un endroit plus durable. « Mais cela prend du temps », concède l’hôtesse.
Le son de cloche est un peu différent au Best Western Metz Technopôle. Pour eux non plus, le label « Destination Innovante et Durable » ne change pas leur activité et la fréquentation de leur hôtel. Mais la raison n’est pas la même : l’hôtel fait déjà partie d’un réseau labellisé. Il s’agit de la Clef Verte, qui prône, tout comme le label « Destination Innovante et Durable », un tourisme plus écoresponsable. Ici, tout est fait pour un cadre sain et écologique. « On fait attention à nos dépenses de chauffage, pour ne pas gaspiller », précise l’hôtelier. « Au niveau de l’alimentation, on propose aussi des plats vegan, végétariens ». Le but est ainsi de privilégier les petites actions pour un tourisme plus vert. Cet hôtel n’accorde que peu d’attention aux labels reçus par la ville de Metz, et selon lui les touristes ne s’arrêtent pas sur cela.
Et qu’en pensent certains habitants messins ? Louise, 23 ans, ne trouve pas que beaucoup d’efforts ont été faits depuis la labellisation de Metz en destination écotouristique. « Oui, il y a des espaces verts, comme partout ailleurs, mais il n’y en aura jamais assez ». « Il faut végétaliser davantage la ville ». D’après elle, les touristes sont surtout là l’été ; la mairie pourrait planter des arbres pour recycler le CO2 et rafraîchir les zones bétonnées. « Plus il y a de fraîcheur, plus il y aura de touristes, c’est gagnant-gagnant », conclut-elle.
Le label semble ainsi être une opération de communication et permet à la ville de paraître engagée. Il est évident que cette distinction permet à la métropole de gagner en visibilité, que cela concerne le tourisme d’affaires ou de loisirs. Sa force réside surtout dans le fait qu’elle pousse l’Eurométropole de Metz à « se remettre en cause de manière permanente », de façon à « ajuster » ses actions, pour reprendre les termes de Valérie Perrin, au pôle Tourisme d’affaires.