Drapeaux en mains, banderoles déroulées et slogans scandés, ce mardi 26 janvier était sous le signe des protestations dans les rues de Metz. Les syndicats des trois services de la fonction publique – d’état, hospitalière et territoriale – se sont données rendez-vous pour contester la réforme des collèges et le pouvoir d’achat affaiblit des fonctionnaires depuis près de 6 ans. Par Uranie Tosic et Adrien Farese.
Place de la République, un vieil homme regarde d’un œil critique la manifestation. Pour cet ancien de mai 68, qui a voulu rester anonyme, « cette manifestation constitue une rigolade qui ne mènera à rien. Il faut se faire violence et avoir des revendications fortes contre les politiciens, se plaindre sans faire de bruit est inutile » clame t-il, regardant le foule.
Une manifestation pour quoi faire ?
Les syndicats CGT, FO, FSU Moselle et Solidaires ont défilé dans la ville pour contester le gel des salaires persistant depuis 2010. Mais comment se calcule le salaire d’un fonctionnaire ? Il faut savoir qu’ils sont rémunérés en fonction d’un « point d’indice » qui est délimité par des grilles indiciaires et qui désigne le degré, le statut des fonctionnaires. C’est donc ce point d’indice qui n’a pas augmenté. Marylise Lebranchu, la ministre de la fonction publique avait annoncé qu’un remaniement du point d’indice des salaires des fonctionnaires ne serait pas envisageable avant 2016. En 2014, Manuel Valls avait expliqué qu’il faudrait attendre l’année 2017 pour proposer une revalorisation des salaires. Mais pourquoi ce point d’indice est resté bloqué depuis six ans maintenant ? Principalement en lien avec la politique d’austérité visant à réduire le plus possible les dépenses publiques de l’État mais également en raison d’un manque de croissance important. Finalement cette stagnation entraîne des conséquences sur le pouvoir d’achat des fonctionnaires et agents publics puisque les prix augmentent mais les salaires ne sont pas rehaussés.
De plus, les agents de l’État, de la fonction hospitalière et territoriale se sont regroupés pour faire entendre une deuxième revendication : la problématique des effectifs. « On a toutes les réformes, dans les trois fonctions publiques, qui entraînent une casse de l’emploi et une baisse drastique de nos moyens. Lorsque le service public est efficace, on est à même de pouvoir intervenir dans l’urgence que se soit les pompiers, le système hospitalier, etc. Aujourd’hui en diminuant nos moyens on se retrouve, dans la psychiatrie, avec des effectifs de sécurité et non plus des effectifs de soins » dénonce Estelle Gallot, une infirmière. « L’hôpital est malade, il faut se rendre à l’évidence » scande une logisticienne de l’hôpital Mercy face à ces conditions de plus en plus difficiles. Oscillant entre précarité, heures supplémentaires qui s’accumulent et problèmes de remplacement, ce secteur n’arrive pas à se faire entendre malgré les manifestations et grèves à répétition.
De leur côté, les enseignants sont descendus dans les rues pour contester la réforme des collèges qui ne fait pas l’unanimité depuis qu’elle a été proposée. Ils ont également dénoncé l’allongement de leur carrière et l’accroissement du temps entre chaque augmentation de salaire. Mais cette réforme semble toucher d’autres sujets plus tabous comme le risque de hiérarchisation entre les matières. Certains enseignements pourraient être supprimés comme les options de langues (latin par exemple), les activités sportives entre autres. La Ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, a tout de même clôt le débat sur les classes bilingues qui devraient finalement rester intactes. Elle a insisté sur le maintien de ce qu’elle appelle « classes bilingues de continuité » permettant une logique entre les langues apprises au primaire et celles au collège. Autant de changements qui entraîneraient forcément des suppressions de postes sur le long terme ou des réductions d’heures. Mais ces derniers sont bien conscients que les élèves seront les premiers touchés notamment par l’accroissement des inégalités scolaires et sociales.
[toggle title= »Pour savoir où en est la réforme »]La réforme des collèges[/toggle]
Finalement, cet effort de mobilisation n’était pas sans objectif. « On espère que des négociations vont s’ouvrir, on espère que ça va jouer, mais surtout on veut faire prendre conscience non seulement aux agents de la fonction publique mais aussi aux citoyens que le service public est primordial et que c’est le bien de tous« , soutien Estelle Gallot. Mais la fonction publique semble souhaiter avant tout, que cette grève ne soit pas un énième coup d’épée dans l’eau.
Le parcours des manifestants