La CGT a lancé un appel national à manifester ce jeudi 4 février, pour protester contre la condamnation des huit ex-salariés de l’usine Goodyear, à neuf mois de prison ferme. Ils avaient séquestré, en 2014, deux cadres dirigeants de l’entreprise, pendant trente heures. Toutes les unions départementales de la CGT de Lorraine se sont réunies à Nancy pour réclamer la relaxe des syndicalistes.
« On trouve ça scandaleux de condamner à de la prison ferme des syndicalistes ayant agi dans le cadre de la sauvegarde de l’emploi », s’insurge Pascal Debay, le secrétaire départemental de la CGT en Meurthe-et-Moselle. Le leader syndicaliste à l’origine du mouvement a donné de la voix. Entre deux quintes de toux, il lâche : « Vous savez une telle décision, elle est politique. Ce n’est pas un hasard si les poursuites venaient du parquet. On pense qu’il y a un message derrière. C’est de dire « manifestez pas trop, restez dans la négociation stricte ». » C’est plus généralement un climat hostile aux syndicats que sont venus dénoncer les manifestants : « C’est l’arbre qui cache la forêt », confie l’un d’eux. En cause aussi, la comparution devant le tribunal correctionnel de Bobigny des syndicalistes de l’affaire des chemises arrachées d’Air France.
« Ce gouvernement est à droite »
La grogne à l’égard de l’exécutif ne se cache pas. Christian Zanier, militant Front de Gauche, déplore : « On estime que ce gouvernement est à droite. Ils veulent détricoter le code du travail, remettre en cause les 35 heures… C’est tout à fait anormal. » Une semaine après le départ de Christiane Taubira pour « désaccord politique majeur », le gouvernement est plus que jamais contesté sur sa gauche.
Malgré la pluie battante, ils étaient près de 500 d’après les organisateurs – 250 selon un policier – à partir de la place de la République pour manifester leur soutien « aux Goodyear ». Le cortège, principalement composé d’affiliés CGT, a quand même regroupé quelques militants Front de Gauche et PCF. Le rassemblement, débuté tôt dans l’après-midi, a pris fin calmement aux alentours de 16 heures devant la préfecture de Meurthe-et-Moselle.
80 manifestations en France
On compte pour la journée de jeudi près de 80 rassemblements dans différentes villes de France, notamment à Paris, Strasbourg, Toulouse et Lyon. Si Pascal Debay concède « aujourd’hui l’objectif c’était plus de mettre nos militants dans la rue », il prévient « s’il y a entêtement pour maintenir ces peines de prison, on sera amené à avoir d’autres initiatives ».