Pour la 34ème fois depuis 2014, un nouveau graffiti colore la façade du centre commercial Saint-Sébastien à Nancy. Tous les mois de nouveaux artistes de Street Art la recouvre, grâce à l’association « LeMUR » et à la Ville.
En se baladant en centre ville, lever la tête et regarder autour de soi n’est plus une habitude. Mais pourtant certaines choses attirent plus facilement le regard. C’est notamment le cas de cette façade. Sa toile mesure 8 mètres sur 4 mètres et demi. Juste à l’entrée du centre commercial, elle s’impose dans une architecture à priori peu harmonieuse. Le concept est créé à Paris par le M.U.R, qui investit un panneau à l’angle de la rue St Maur et de la rue Oberkampf. Les quatre fondateurs de l’association LeMUR Nancy s’en sont inspirés.
Passionnés par l’art urbain, leur but est simple : « déplacer l’art de rue en dehors des lieux habituels, des friches et des voies ferrées », selon Julien, l’un des créateurs. Ce qui les motive c’est de faire connaître des noms et surtout des genres artistiques différents. Tous les mois, un artiste local ou un artiste international alternent la réalisation d’une œuvre. Cette initiative soutenue par la Ville de Nancy commence à se faire connaitre. Une performance que de nombreux passants observent avec plaisir. « On aime que des personnes pas intéressées par l’art de rue viennent voir le MUR. Il y a des gens des Vosges ou d’Alsace qui viennent tous les mois le voir, prendre des photos et nous font leurs remarques », précise Julien. Que ce soit des graffitis à la bombe, des lettres stylisées, du collage ou du pochoir, toutes les techniques sont représentées. Le graffiti à Nancy prend de l’ampleur. Comme le veut le Street Art, les œuvres sont éphémères et sont, de ce fait, recouvertes chaque fois par une nouvelle création.
Un défi en deux jours
En un week-end l’artiste doit réaliser son œuvre sur la façade. Un vrai défi auquel s’ajoute l’imprévisible météo lorraine. Les 16 et 17 novembre dernier c’était au tour de Valer, un pionnier du graf dans l’Est, et fondateur de la Smala Crew, un collectif de graffeurs. Deux jours pour taguer une fresque mêlant vaisseau spatial et lettres stylisées dans les tons bleus jaunes. L’odeur des bombes plane sur la Place Charles 3, aux alentours du centre commercial. Pour Valer et ses vingt ans d’expérience, c’est donc avant tout « un moyen de se faire plaisir soi-même, et le format plaît, réaliser quelque chose en énorme c’est toujours un plaisir ». La visibilité qu’offre LeMUR permet ainsi aux artistes de démocratiser leur art. Cette discipline alors de plus en plus en vogue, expose directement les productions, sans passer par la case « rue », comme d’autres communes de la région en liens avec des collectifs. La toile du MUR est une véritable galerie à ciel ouvert, pour les artistes comme pour les passants. L’œuvre « Valer » est visible jusqu’au 15 décembre avant de laisser place à un artiste portugais pour la 35ème fresque.
Barbara Paul-Foos