Benjamin Jung
Le nouvel album de Nick Cave est dans les bacs. Éloge funéraire à son fils disparu, le crooner punk australien livre ici un album noir comme sa pochette, qui semble faire oublier ses talents de mélodiste.
Après plus de quarante ans de carrière, Nick Cave continue de fasciner. Après un opéra, deux films, et des disques avec son projet punk Grinderman, le voilà de retour avec ses fidèles Bad Seeds, ses mauvaises graines.
Son deuxième film, One more time with Feeling, jugé trop égocentré, n’avait pas fait l’unanimité parmi la critique. Skeleton Tree était donc attendu au tournant.
Par le titre de l’album, Nick Cave annonce un disque morbide. Inspiré par la mort récente de son fils, il ne pouvait en être autrement. L’artiste australien semble être depuis ses débuts sujet d’une malédiction mortifère : les décès de ses musiciens, de sa compagne et de sa famille étant des fils directeurs de sa carrière.
Ça commence quand ?
Le disque s’ouvre sur Jesus Alone, morceau grave à l’instrumentale expérimentale et sombre. Le décor est planté. Nick Cave semble ne plus avoir envie de chanter : il parle.
C’est là le souci de cet album. Il parle trop et s’écoute beaucoup. Oui Nick Cave est un poète, mais c’est aussi un chanteur et un redoutable compositeur de mélodies. Ce disque en est absolument dépourvu.
S’il s’essaye à d’autres timbres de voix, rappelant les accents au bourbon de Tom Waits, par aucun moment l’album ne décolle et s’inscrit dans la mémoire.
On entend ça et là que le talking words, c’est ce qu’on fait quand on a pas d’idées. La sentence est ici vérifiée.
Warren Ellis, compagnon de désespoir
Depuis le départ de Blixa Bargeld, partenaire berlinois de longue date de Cave, les Bad Seeds semblent avoir oublié ce que Rock and Roll signifie. Mené par l’archet du barbu Warren Ellis, le groupe enchaîne les balades à écouter en regardant la pluie. Depuis No More Shall We Part en 2001, les mauvaises graines semblent avoir perdu toute fertilité créatrice.
Comme les albums précédents, Skeleton Tree ne marquera pas l’histoire de la musique. Nick Cave est-il encore capable d’écrire des chefs d’œuvres comme il le faisait dans les années 90 ?