Depuis tout petit, Marc a vécu dans cet état d’esprit : ne pas gaspiller, trouver des solutions plus écologiques, recycler. Avec son épouse ils se sont lancés, depuis 2012, dans l’aventure de Cabanes en Lorraine à Ancy-sur-Moselle. L’objectif ? Créer des chambres inhabituelles pour permettre à leurs clients de se retrouver avec eux-mêmes, de vivre une expérience unique et de comprendre qu’une autre façon de vivre est possible. Un projet au coeur duquel l’environnement est un des maîtres-mots.
Tous les ans, un expert arbre-conseil vient inspecter leurs cabanes, c’est en quelques sortes un médecin des arbres. « Il vient ausculter ceux sur lesquels on a planté nos maisonnettes, nous dire cet arbre là va bien, il ne souffre pas, celui-ci a tels problèmes, il faut intervenir de telle façon » explique Marc Obstétar. Pour lui, préserver la nature est plus qu’essentiel, c’est vital. Les arbres sont le pilier de chacune de ses créations. C’est grâce à eux qu’il peut réaliser son rêve de gosse. « C’est notre outil de travail » précise Marc en souriant. Dès lors que sa femme et lui ont commencé à construire ces habitations de bois, l’écologie était au cœur de leurs préoccupations. « Toutes nos cabanes sont faites avec des bois ne nécessitant pas de traitement (95%) et provenant de scieries proches, le plus proche possible ». Outre cette production locale – notamment issue des Vosges, les isolants qu’ils utilisent sont de la fibre de bois. Beaucoup de leurs mobiliers sont des bois ramassés dans la forêt. « Pour réaliser l’égouttoir ou l’échelle par exemple, j’ai emprunté des branches de bois à la forêt. Et je lui rendrai lorsque nous détruirons les cabanes » plaisante Marc. S’il est conscient de perturber la nature lors de ses constructions, Marc sait que l’impact zéro n’existe pas. C’est pourquoi il tente toujours de minimiser les effets néfastes qu’il inflige à son environnement.
« Le strict nécessaire »
Chacune des cabanes est équipée avec le strict nécessaire. Seul bémol : il n’y a pas de douche telle que nous l’utilisons à la maison. « On a essayé de mettre en place une quantité d’eau limitée ». Au-delà du fait qu’il n’existe pas de système d’évacuation d’eaux classiques, il semblerait à la fois compliqué et en dehors des convictions de Marc, que d’approvisionner chaque cabane avec une quantité illimitée d’eau, comme lorsque l’on ouvre un robinet.
Marc propose aux clients de se laver à l’ancienne, au gant de toilette. C’est différent c’est sûr, mais « on est pas moins propre et on ne sent pas plus mauvais » défend-t-il. Ce dernier espère que les gens repartent de chez lui en ayant une petite graine qui va germer dans leur tête et qui va les aider à fonctionner autrement. Ce qui compte pour lui ? Revenir vers des valeurs élémentaires, « qui ne sont pas le paraître mais l’être ». C’est pourquoi Marc leur propose une certaine quantité d’eau qu’ils doivent apprendre à gérer en fonction de leurs besoins. Pour un verre par exemple, les amener à se dire : « tiens, j’ai un verre à laver, est-ce que j’ai besoin de deux litres d’eau ou est-ce qu’un petit peu suffirait ? »
Si on arrive à implanter ça dans l’esprit des gens pour qu’ils comprennent que l’on peut très bien vivre sans se priver et en ayant fait attention, c’est une bonne chose – Marc Obstétar
Vous vous demandez sans doute ce qu’il est en des toilettes ? Marc a tout prévu. Les cabanes sont équipées de toilettes sèches. « Ça fait peur d’un certain côté parce qu’on pense que ce n’est pas propre et que ça sent mauvais, mais on se rend compte qu’ici ce n’est pas forcément vrai » rend compte Marc Obstétar. Comment cela fonctionne-t-il ? Les gens vont aux toilettes et apportent eux-mêmes au compost, le sac en amidon végétal qui se décomposera lentement dans la nature. C’est un circuit fermé qui limite le gaspillage puisque ce compost sera re-déposé aux pieds des arbres. « Un déchet aujourd’hui peut devenir une matière première demain. » Quant à l’électricité, des panneaux solaires implantés à proximité des cabanes permettent de les alimenter en éclairage.
Un fonctionnement en circuit court
Tout ce système se veut le plus court possible, dans un souci d’économie et dans la volonté de faire vivre les commerces alentours. Ne serait-ce que pour les repas (petits déjeuners notamment), les gérants Obstétar proposent des produits locaux : la confiture est faite maison, le vin est issu de la vigne du Domaine des Bélier; les viandes proviennent de la boucherie du village; le pain est préparé et cuit à la boulangerie la plus proche du site. Même les copeaux de bois utilisés pour les toilettes sèches sont récupérés de la menuiserie attenante à leur domicile. Dans cette logique de proximité, tout le monde y trouve sont compte. Un microcosme qui se développe de plus en plus en France face aux réseaux de la grande distribution. Avec Anne, ils pensent que c’est ce vers quoi ils doivent tendre aujourd’hui, c’est pourquoi ils anticipent. « C’est une bonne chose de pouvoir se dire que quelque part, on a fait notre petite action à nous qui contribue à ce que ça aille mieux pour tout le monde. Si chacun arrive à faire la même chose dans sa vie, ne serait-ce qu’un tout petit peu, tout le monde s’en porterait mieux ».
Notre idée était de faire quelque chose au plus près de la nature, autant dans l’utilisation des matériaux, que dans le respect des circuits courts – Marc Obstétar