Une initiative rare, celle d’un partenariat entre la commune de Bouxières-aux-Dames , en Meurthe-et-Moselle, et le collectif de graffiti « Osmoz », redéfinit les rapports souvent tendus entre les mairies et ces artistes urbains incompris.
Si les relations entre communes et graffeurs sont tumultueuses, il arrive que ce jeu du chat et de la souris se termine sans perdant. Les longues rues de la petite ville de Bouxières-aux-Dames ne connaissaient que le gris avant que le maire ne décide de débaucher deux gaillards avec une bombe de couleur entre chaque doigt. L’année 2011 aura marqué d’une grosse trace de peinture les esprits des habitants de la cité meurthe-et-mosellane. Première collaboration mais aussi premiers étonnements, le début d’un échange avec un art de mauvais garçons.
« Un jour on peignait un mur de la commune à l’abandon mais sans autorisation, l’adjoint au maire est venu nous trouver en furie et finalement on a discuté et il nous a proposé le projet… Deux jours après on était dans son bureau et un mois plus tard on faisait le premier transfo » raconte Julien Brouand, artiste graffeur de 22 ans. C’était il y a deux ans, lui et son binôme, Nicolas Bretnacher qui s’acharnaient sur le béton depuis leur adolescence s’étaient fait remarquer par le maire de Bouxières lors d’un atelier graffiti. Les dégradés de couleurs, les dessins mystiques et les lettrages hypnotiques avaient tapé dans l’œil de Jean-Luc Déjy qui leur avait « permis » de peindre dans la ville. L’histoire était écrite. Des bombes de peinture gratuites en échange d’un travail d’orfèvre sur les murs défraichis, une association teintée de liberté artistique et de respect commun. Mais un partenariat qui ira beaucoup plus loin que le barbouillage de transformateur électrique.
Une nouvelle osmose
« Ça plait aux gens « , nous confie l’adjoint au maire « nous n’avons eu que des retours positifs, aucune lettre de mécontentements ». C’est dans les esprits plus que sur les murs du stade que la rénovation culturelle s’est faite. Le graffiti souvent accueilli au karcher a trouvé peu à peu sa place dans le cœur des Bouxiérois. « Au début, les gens se demandaient ce qu’on faisait, maintenant beaucoup s’arrêtent pour discuter, prendre des photos et certains nous suggèrent même d’autres murs qu’ils ont repérés. C’est bon signe ! »,explique Julien Brouand. Une évolution étonnante mais qui parait logique lorsqu’un matin, une façade terne et informe s’est transformée en forêt luxuriante où des mésanges côtoient les totems indiens.
Le mot « Osmoz » est toujours inscrit au centre des créations des deux graffeurs. C’est la marque du duo, son nom mais aussi le symbole de leur relation et de celle qu’il aimerait partager avec les autres. Un message qui même parfois illisible a réussi à toucher la ville de Bouxières-aux-Dames. Quand on demande aux deux partis s’ils souhaitent poursuivre cette collaboration c’est un oui commun qui émerge. Du respect pour la cité et de la considération pour les fresques, une nouvelle osmose a vu le jour.