Depuis 2021, Pacôme Thiellement tient régulièrement une chronique vidéo intitulée « Infernet » sur le pure player Blast. Contraction entre Inferno (enfer) et Internet, la chronique évoque les phénomènes des réseaux sociaux et leurs dérives. L’essayiste reprend les faits divers parus sur internet pour en analyser l’enfer qui en découle.
C’est avec une pipe dans une main et une tasse de thé dans l’autre que Pacôme Thiellement se présente derrière l’écran de son ordinateur, accompagné de ses deux chats. En fond de mur, ses nombreux ouvrages manifestent de son érudition. Plus qu’un décor, la suite de la discussion attestera de son statut de grand érudit. Il explique l’histoire de la série « Infernet », créée en 2021 sur Blast, pure player dirigé par le journaliste et écrivain, Denis Robert.
Réalisée par Mathias Enthoven, écrit et interprété par Pacôme Thiellement, la série analyse les phénomènes d’internet et ce qu’ils racontent de nos sociétés.
« Denis Robert me connaissait déjà, il est venu me voir un jour et m’a proposé de réaliser une chronique pour Blast » raconte Pacôme Thiellement. « J’écoutais beaucoup de podcasts et je lisais de nombreuses choses sur les faits divers numériques. J’ai commencé à développer une angoisse liée à l’utilisation des réseaux sociaux, à force d’écouter ces histoires, d’où l’idée de créer une chronique sur ce sujet ».
« Ce sont les sujets qui viennent à moi »
Les faits divers numériques, ou comment les réseaux sociaux peuvent détruire des vies. Ce sont les histoires que racontent Pacôme Thiellement dans ses chroniques. « On va prendre un fait divers, et l’analyser. On va le prendre comme une loupe sur ce que sont les réseaux sociaux ».
Une pratique à mi-chemin entre le journalisme, la chronique et la littérature. Les épisodes d’Infernet permettent de « partir de quelque chose de réel pour en faire un matériau de création. C’est une forme de synthétisme ». Un travail avec la réalité, un matériau ambigu demandant une certaine rigueur éthique.
« Je ne veux pas chercher les sales histoires. Je prends celles qui viennent à moi parce que si je commence à les chercher, cela voudrait dire que je les souhaite. Or il ne faut pas qu’il y ait une forme de désir à trouver une sale histoire, ce serait indécent » explique le chroniqueur de Blast.
Chaque épisode d’Infernet présente un problème. « Chaque problème est une entrave absolu au bonheur, à la réalisation de soi et au bonheur individuel et collectif. »
« Ce qui est très dur dans la réalisation de ces vidéos, c’est de ne pas montrer son point de vue. Je me suis rendu compte que je m’exprimais beaucoup avec les mains, alors je me suis bloqué les mains sur la table et je me répétais tout le long de la vidéo : ne bouge pas tes mains bordel » rigole-t-il.
L’enfer des réseaux sociaux
Très présent sur les réseaux sociaux pendant une quinzaine d’années, Pacôme Thiellement décide de tout supprimer. Facebook, Twitter, Instagram : l’essayiste se détache sans grande difficulté d’un monde virtuel qu’il estime dangereux. « On a inventé un monde d’illusion à l’intérieur du monde d’illusion. L’humain a inventé les réseaux sociaux et ce qu’il a inventé le dépasse, il a inventé un monstre plus fort que lui » relate Pacôme Thiellement.
Poster quelque chose, recevoir une réponse assez vite, et en vouloir toujours plus. Une « récompense » attendue par les utilisateurs des réseaux sociaux. « C’est comme avec les sucreries : on a une sorte de récompense immédiate mais après, on en aura besoin de beaucoup plus, encore et encore. Nous sommes des personnalités addictives ».
L’écrivain qualifie les réseaux sociaux comme une addiction. Ces réseaux nous amèneraient à avoir une double vision de nous-même, et à être parfois prêt à tout pour obtenir de l’attention. « Les réseaux sociaux, le principe c’est la création d’une nouvelle identité et d’une vie qui va avec. Le phénomène que représentent les réseaux sociaux dans la vie des humains est quelque chose qu’on est encore à peine capable d’interpréter. »
Pacôme Thiellement sortira son nouveau livre « Infernet » le 04 mai 2023.