Du rôle de femme de ménage chantant des chansons d’Annie Cordy à la tête d’une salle de spectacle reconnue à Florange : Pascal Jaskula est un personnage haut en couleur. Défenseur de la culture populaire et passionné par son métier, sa Passerelle est désormais réputée dans toute la France.
Le théâtre a changé sa vie. Né dans une famille des mineurs habitant dans un quartier modeste, son horizon s’est ouvert quand il a pris contact avec le monde du spectacle. Grâce à un ami, il commence à s’impliquer au sein d’un foyer socioculturel où il fréquente une troupe de théâtre militante. Malgré ses préjugés – ”à cette époque je considérais le théâtre comme une discipline pour les filles” –, il se lance sur scène dans une usine en grève. « On jouait pour les ouvriers qui occupaient le site et nous avaient demandé de faire un spectacle pour eux. Le chef de la troupe avait adapté le script pour parler de leur histoire ».
A sa majorité, la troupe lui offre de travailler avec eux. Son premier rôle : celui d’une femme de ménage qui nettoyait en chantant des chansons d’Annie Cordy. Les représentations traitaient alors de sujets sociaux comme le chômage, la lutte contre l’énergie nucléaire ou la défense des insoumis.
Ainsi, Pascal Jaskula découvre le monde du spectacle. Il y restera. Il est aujourd’hui directeur de programmation de la Passerelle, lieu phare de la culture en Lorraine où ont défilé de grands noms comme Dick Rivers, Souchon, Orelsan ou Manu Chao. Une salle où l’on peut aussi « croiser » Beethoven, Marivaux, Molière…
Pour Pascal Jaskula, la culture est avant tout un divertissement, un plaisir, mais aussi un moyen d’éducation et d’expression politique. Il se défend pourtant de « faire » de la politique. « Ça ne veut pas dire que je n’aie pas des convictions », précise-t-il préférant être solidaire plus que militant. Car pour lui, la vie politique est lié à la vie citoyenne et sociale : « Ça nous appartient à tous, ça doit répondre aux vies des gens ». En conséquence, si la culture parle de la vie sociale, elle doit parler aussi de politique. Mais dans le bon sens du terme.
Revendicatif, la cheville ouvrière de la Passerelle le devient clairement quand il parle de l’actualité. Culturelle notamment : « C’est la catastrophe ! Le rôle de la culture dans l’éducation est en train de disparaître. Parce qu’il y a de moins en moins de moyen ».
Le travail de Pascal Jaskula est devenu synonyme de qualité dans le paysage culturel. Une affaire de passion dit-il : « Ce qui est capital, c’est de ne pas avoir d’a apriori, mais des convictions. Il faut aimer le spectacle et le théâtre. Il faut faire de notre métier une passion. La compétence professionnelle vient ensuite naturellement ».
La Passerelle reflète la personnalité de Pascal Jaskula. Exigeant quant à la qualité de ses spectacles, ce dernier n’est pour autant pas fermé dans ses choix et reste à l’écoute de choses nouvelles. Sa programmation est ainsi marquée par une grande variété. La Passerelle reste une salle généraliste : « Les critères, au-delà même de mes goûts, sont simple : les œuvres doivent avoir quelque chose de spécial, être bien faites, bien jouées et si possible plébiscitées par le public ».