Les élevages au naturel et bio ne sont pas légion, mais si en plus les animaux sont des bisons, on entre carrément dans l’exceptionnel. Du côté de Bleurville dans le sud des Vosges, Nadia et Thierry Jacquot ont changé de vie pour se lancer dans cette aventure. Webullition les a rencontrés pour comprendre les particularités de ce mode d’élevage.
Qu’est-ce qui vous poussé dans la voie de l’élevage, et du bison en particulier ?
Nadia Jacquot : Je crois que c’est une volonté de vivre autrement, une vie plus vraie et un peu moins superficielle et puis la possibilité de faire quelque chose avec mon mari. Concilier également vie familiale et professionnelle. Il y a 15 ans, nous sommes tombés sur un élevage de bisons en vacances et nous ignorions qu’on pouvait élever des bisons en France. Le déclic s’est produit. Trois ans après, nous étions installés en tant qu’éleveurs de bisons. On fête notre 11 ème année.
Thierry Jacquot : J’aime bien la culture amérindienne, le bison est un animal que j’aime depuis toujours. Je ne savais pas qu’on pouvait en élever. Ce qu’il a d’intéressant c’est que c’est un animal rustique qui peut vivre dehors tout le temps. Il supporte des températures allant de -40° à 40°. Préhistorique, on ne fait que le réintroduire dans son milieu. Il y avait des bisons en France il n’y a pas si longtemps que ça. D’ailleurs, la dernière bisonne en Europe a été tuée par notre cher duc de Lorraine, Stanislas Leszczynski. Le bison est un premier choix. En plus, c’est une viande diététique, riche en fer et pauvre en cholestérol.
Combien de kg de viande produisez-vous par an ?
NJ & TJ : Nous produisons 700 kg de viande bovine et 1,5 tonnes de bison, ce qui équivaut à en tuer 4 ou 5 par an. Le prix du bison est beaucoup plus élevé, mais par rapport à nos collègues, on reste très abordable. On peut avoir tout morceau confondu, en passant du rosbeef , filet, côtes, faux-filet au pavé, on est à 23 euros le kilo livré. C’est pas parce qu’une viande est bio qu’elle doit être inaccessible. Sinon, il n’y a pas réellement de produit dérivé du bison, à moins d’être amérindien [rires]. Le bison est aussi doux que de la laine de mouton, les Amérindiens faisaient leur tipi avec la peau. J’ai déjà essayé de filer la laine que perdent les bisons, ça fonctionne. Mais ce n’est pas utilisé.
Quelles contraintes rencontrez-vous dans cet élevage un peu particulier ?
NJ & TJ : Il faut savoir que le bison est un animal sauvage, dont l’élevage nécessite un certificat de capacité délivrée par la préfecture et l’installation de barrières spécifiques, plus hautes que pour un troupeau de bœufs. Hormis les contraintes réglementaires, il y a des difficultés pour attraper les bêtes. Comme il n’y a pas de bâtiments et qu’elles vivent en semi-liberté, elles ne sont pas habituées à rentrer quelque part. Que ce soit au niveau du troupeau de vaches ou des bisons, c’est toujours un moment à la fois particulier et excitant. De plus, les nourrir en hiver n’est pas une partie de plaisir, car aussi bien les bêtes que nous, sommes dépendants du climat.. Au final, on ne vit pas vraiment les contraintes, c’est naturel donc on ne se pose pas réellement la question !
[toggle title= »Caractéristiques du bison »]
– Le mâle est adulte physiquement à 9 ans.
Ses mensurations : deux mètres au garrot, une tonne.
Sa mâturité sexuelle : 2 ans et demi, trois ans.
– La femelle finit sa croissance à 7 ans
Son poids : 650kg.
Ils font le même poids qu’un bovin, mais mettent plus de temps à grandir. [/toggle]