Candidat malheureux à la primaire PS de 2007 en vue des municipales de Metz, Pierre Bertinotti s’est incliné de 3 voix face à Dominique Gros. Il s’est ensuite désolidarisé du PS pour rejoindre Jean-Marie Rausch, dont il longtemps été l’un des opposants. L’ancien énarque revient sur cet épisode tumultueux.

49150_1424107685_4910_n

Pierre Bertinotti, vous avez quitté le PS en décembre 2007 en conflit ouvert avec les dirigeants socialistes de la fédération, qu’en est-il aujourd’hui ?
Le temps a passé et heureusement, les tensions sont retombées. Les rapports se sont normalisés. Il y a eu un réel désaccord sur la façon d’aborder la campagne dans le camp socialiste et sur la vision de l’avenir de Metz mais les militants ont tranché et c’est Dominique Gros qui l’a emporté.

Alors même que vous aviez rallié le camp de Jean-Marie Rausch. Pourquoi un tel basculement, êtes-vous devenu subitement de droite ?
Pas du tout ! J’ai toujours été et je reste encore aujourd’hui un homme de gauche, avec des valeurs de gauche. A mes yeux, le PS ne faisait pas tout pour remporter cette élection. J’ai rejoint Jean-Marie Rausch qui me connaissait de longue date car il avait une vision et une stratégie pour le développement de Metz.

Comment expliquez-vous que Jean-Marc Todeschini et Jean-Pierre Masseret aient soutenu Dominique Gros contre vous ?
Seul Jean-Pierre Masseret s’est publiquement engagé. C’est à mettre en relation avec le fait que je n’ai pas respecté certaines règles non écrites, certains codes qui régissent le fonctionnement du parti, et ça m’a coûté cher.

Quelles règles ?
La gestion du parti socialiste en Moselle est très encadrée, et pour s’y fondre, il faut faire preuve de patience et montrer patte blanche, notamment auprès des dirigeants. De mon côté, je n’ai jamais voulu faire allégeance.

Pourquoi ne pas être entré dans le système ?
Par orgueil sans doute. Je me souviens d’une de mes visites à Solferino, c’était en 1996. J’y ai rencontré François Hollande alors porte-parole du PS qui m’a confié sur le pas de la porte avant de nous séparer « Sois bien avec Masseret ». Belle lecture politique…

En voulez-vous aux dirigeants de la fédération ?
Humainement non, c’est la règle du jeu politique, il faut leur reconnaître un réel talent. Jean-Marc Todeschini s’est toujours présenté en boutiquier du PS, il gère le parti comme une petite entreprise. Il y réussit très bien et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ses collègues au Sénat l’ont désigné comme premier questeur. Ce sont plutôt certaines méthodes que je n’approuve pas, cette forme de clientélisme.

Jean-Pierre Masseret a perdu son siège de sénateur fin septembre, quelle analyse faites-vous de ce résultat ?
C’est sans doute révélateur de certaines divergences d’intérêts. Le renouvellement des grands électeurs y est aussi pour quelque chose, il marque une forme de renversement, de rupture.

Un certain essoufflement ?
C’est vous qui l’avez dit !

Propos recueillis par Thomas Deszpot