Depuis quelques années, pigiste rime souvent avec précarité. Mais il existe des solutions pour s’en sortir. Bruno Crozat, de l’association Profession Pigiste évoque ce statut particulier du journaliste.
La précarisation des pigistes s’accentue dans tous les médias
« Pigiste, c’est un statut compliqué ». Bruno Crozat connait bien le métier. Il l’exerce lui-même depuis une dizaine d’années. Il est également secrétaire national de l’association Profession Pigiste, qui cherche à fédérer, aider et défendre les journalistes dans cette situation. Une situation qui s’est détériorée depuis quelques années.
Un marché plus concurrentiel
Dans son dernier rapport, l’Observatoire des Métiers de la Presse pointe le problème. Avec la crise, les entreprises de presse embauchent beaucoup moins en CDI, et beaucoup plus en CDD ou en piges.
Bruno Crozat, qui a mené des études sur la profession, précise les choses : « Le gros problème de la pige, c’est que jusqu’aux années 2000, les pigistes étaient peu nombreux dans un secteur de la presse qui allait bien. Aujourd’hui, ils sont beaucoup plus nombreux dans un secteur qui est en crise ». D’où une précarisation qui s’accentue.
Inconvénients et avantages
Il est vrai que le métier comporte certains gros inconvénients : pas de rémunération fixe, la nécessité d’être disponible à n’importe quel moment, une frontière ténue entre vie professionnelle et vie privée, et beaucoup de paperasse. Pour ne rien arranger, les pigistes sont souvent mal considérés par leurs collègues qui bénéficient d’une rémunération fixe.
Mais Bruno Crozat n’hésite pourtant pas à énoncer certains avantages, notamment la possibilité de négocier ses tarifs, et une grande liberté dans le travail. « Tout le monde n’aime pas ça, mais j’adore partir en vacances et me dire qu’il y aura peut-être un sujet intéressant sur place », avoue-t-il.
Des solutions pour s’en sortir
Il est donc possible d’être pigiste et d’aimer ce travail. Et pour mieux s’en sortir, Bruno Crozat propose quelques conseils d’expert : avoir une certaine originalité, s’organiser en réseaux, et ne pas hésiter à faire valoir ses droits. « Les journalistes ont souvent une méconnaissance grave de leurs droits », déplore-t-il.
Selon la jurisprudence, un pigiste qui travaille avec une certaine régularité pour un média est pourtant considéré, de fait, comme étant en CDI. Il ne devrait donc pas se retrouver sans travail du jour au lendemain.
Le tableau de la pige, même s’il est loin d’être idyllique, n’est donc pas aussi sombre qu’on l’annonce souvent. Comme le dit Bruno Crozat, « la pige, c’est précaire, mais ce n’est pas que ça ».
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