Après le succès de Dark Souls  en 2011, l’expression « darksoulisation du jeu vidéo » se répand. Elle décrit l’idée selon laquelle les jeux deviendraient plus difficiles. Aussi bien utilisée sur les forums que dans la presse, elle n’est pas à graver dans le marbre pour autant.


Dark Souls est un jeu vidéo d’action-aventure en monde-ouvert développé par From Software. En ce sens, le joueur, libre d’aller où bon lui semble à n’importe quel moment de sa progression, doit terrasser ses ennemis et accomplir une quête. Le titre appartient également à la catégorie des die and retry, « meurt et réessaie » en bon français. Il vous contraint ainsi à mémoriser les mouvements des adversaires, les obstacles des niveaux, et à recommencer autant qu’il le faudra pour réussir. C’est depuis sa sortie en 2011 que l’on parle de « darksoulisation ».


Dark Souls : des combats qui ont fait date

Évoquer la « darksoulisation du jeu vidéo », c’est considérer que la sortie du titre de From Software fut un moment charnière. Une idée facile à défendre tant Dark Souls déborde de qualités. Le jeu brille notamment par son système de combat. Ici, il n’est pas question d’un ou deux boutons pour se défendre, mais de quatre.

Les coups légers sont plus rapides mais moins efficaces, alors que les coups puissants, moins vifs, assènent davantage de dégâts.

Fort d’un bestiaire varié, Dark Souls met à profit l’éventail de coups disponible. Sébastien Genvo, professeur à l’Université de Lorraine et ancien Game Designer, évoque « un jeu qui a marqué l’industrie »« [Le titre de From Software] a redéfini une forme de difficulté tout en laissant la porte ouverte à un grand public » déclare-t-il, tout en mentionnant « l’accompagnement des joueurs ». Ces derniers ne sont pas pris par la main pour autant. Selon lui, l’accompagnement en question « donne toujours l’impression que si je prends du temps et que je me perfectionne, j’y arriverai »Dark Souls est exigeant sans ne jamais être cruel. C’est en cela que réside son succès.


Court extrait de combats dans Dark Souls 3, sortie en 2016.


« Darksoulisation » : un abus de langage ?

À propos du terme « darksoulisation », Sébastien Genvo appose son veto. « Dire qu’un jeu impacte l’ensemble des contenus de cette industrie, ce serait une erreur » appuie-t-il. « En revanche, ce qui est sûr, c’est que certains gros succès du jeu vidéo […] orientent d’autres productions du même type ». Le professeur cite l’exemple de DOOM, jeu de tir en vue à la première personne sortie en 1993. « Il y a eu du DOOM-like [« like » pour des jeux qui s’inspirent ouvertement de quelque chose] et c’est la façon de fonctionner de cette industrie ». Le jeu vidéo est un gigantesque cercle vertueux. Les succès des uns nourrissent les ambitions des autres.

« On ne peut pas parler de « darksoulisation », mais plus d’une identification de mécaniques de jeu […] qui ne peuvent plus être absentes ensuite parce qu’il y a des habitudes qui s’instaurent » renchérit Sébastien Genvo. Lords of the Fallen ou encore Nioh seraient donc des Dark Souls-like dans la mesure où ils se basent sur la même « recette ». Mais pas de quoi révolutionner l’industrie du jeu vidéo.

Alexis Zema