Vendredi 25 juillet, l’essayiste Raphaël Glucksmann était de passage à Metz pour promouvoir son parti politique Place Publique. En ligne de mire, les élections européennes de 2019. Rencontre avec l’homme qui veut fédérer la gauche.
Des cheveux grisonnants en bataille et une barbe de trois jours, Raphaël Glucksmann est confortablement assis sur la banquette d’un café messin. Le regard perdu dans l’horizon, il semble rêveur. Cet horizon fixé c’est 2030, la date de bascule, à partir de laquelle le réchauffement climatique deviendra irréversible, selon le GIEC. Son rêve : l’empêcher et « remettre l’humain au cœur de toutes les politiques publiques ». Rien que ça. Mais méfiez-vous, Raphaël Glucksmann n’est pas qu’un intello idéaliste ne prêchant que pour une poignée de convaincus. C’est aussi, depuis peu, un politique déterminé à remporter la bataille des idées. Au revoir l’essayiste, bonjour le candidat, parce que c’est bien ce dont il s’agit : Raphaël Glucksmann est en campagne. Depuis quelques semaines déjà, il sillonne la France pour promouvoir son jeune parti, de trois mois à peine : Place Publique. Mais pour prétendre à la victoire, il faut d’abord pouvoir fédérer une gauche meurtrie, tiraillée entre la ligne souverainiste d’une part et par la social-démocratie à l’allemande, de l’autre. Ça tombe bien, il propose justement de la reconstruire. La réunir autour d’idées humanistes et europhiles qui disent oui à l’accueil des migrants et à l’écologie et non au nationalisme et au grand capital.
Metz sa place publique
Mais Raphaël Glucksmann n’oublie pas de tacler les copains au passage. « Ce n’est pas en trois mois que l’on va répondre à 30 ans d’échecs de la gauche ». Dans tes dents le PS, ou ce qui l’en reste. « Je ne crois pas aux leaders charismatiques et au populisme ». Sans doute Jean-Luc Mélenchon devrait se sentir concerné. Il partage avec ce dernier d’ailleurs, un côté pédagogue, imageant ses propos pour les rendre plus compréhensibles et citant régulièrement les grands penseurs. Mais là, où l’aura incandescente du professeur Mélenchon ne laisse subsister aucune autre à des kilomètres à la ronde, celle du professeur Glucksmann est plus douce, plus rassurante. Ne le prenez pas pour autant pour un « bisounours », le philosophe est bien capable de se mettre en colère. Dans une « colère saine qui permet de ne pas sombrer dans l’apathie », nuance-t-il. Il explique ne pas vouloir laisser le pas à la fatalité.
Pour lui, c’est justement en redevenant acteur et en sortant de l’apathie que « les enfants du vide » (à comprendre : nous), concept qu’il a développé dans son livre éponyme sorti en octobre dernier, réussiront à sortir de la solitude dans laquelle notre société ultra-libérale les a cantonnés. Pour ça, il préconise une solution : le dialogue. Le dialogue avec les français et européens évidement, mais le débat aura d’abord lieu à Metz du 22 au 24 février pour le congrès fondateur de Place Publique.
Alors rendez-vous à la fin du mois pour voir ce qu’il en ressort. En mai aux européennes, pour constater si la sauce prend. Et enfin en 2030, pour juger si son horizon n’est finalement pas qu’un beau rêve.