800 personnes se sont rassemblées dimanche 12 novembre place d’Armes en plein cœur du centre ville de Metz pour la paix, les valeurs républicaines et contre l’antisémitisme. Pendant 45 minutes, représentants de la communauté juive et élus se sont succédé pour dénoncer la recrudescence des actes antisémites en France et appeler à l’humanité.
Ce sont environ 800 personnes, selon les autorités, qui étaient réunies sur la Place d’Armes. « Les gens sont ici pour défendre les valeurs de la République » souligne Carole, l’une des personnes présente. « Je suis très concernée par toutes formes d’intégrisme et d’exclusion, elles ne sont pas tolérables » ajoute-elle ensuite. 1159 actes antisémites ont été recensés depuis le 7 octobre, annonçait le 8 novembre dernier, Gérald Darmanin devant le Sénat. Un chiffre trois fois supérieur à l’ensemble des actes commis sur l’ensemble de l’année 2022 selon le ministre de l’Intérieur. Relayé par l’association des maires de France et les présidents des deux chambres du Parlement, l’appel au rassemblement de la Licra (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme) a eu lieu dimanche 12 novembre à Metz. « Cette journée est formidable, nous luttons tous » témoigne Arlette venu écouter les discours des élus et représentants de la communauté juive de Moselle.
« L’antisémitisme n’a jamais vraiment disparu »
Dans le calme et l’écoute, les citoyens voulaient montrer leur soutien à la République, ses valeurs ainsi qu’aux juifs de France. Plusieurs drapeaux français étaient visibles dans la foule. Certains agrémentés de la Croix de Lorraine. Pour Jean-Pierre Burger, Président de la Licra Moselle, les actes antisémites de ces dernières semaines sont des « menaces pour les libertés individuelles et collectives » et rappelle le besoin de « lutter contre l’antisémitisme de toutes ces formes ». Marc Cerf, président du Consistoire israélite de la Moselle, a ensuite pris la parole. « L’antisémitisme n’a jamais vraiment disparu, il est parfois en sommeil mais il persiste et resurgit à la moindre étincelle au moindre prétexte. » Après une énumération des actes antisémites et leurs conséquences, finissant toutes ses phrases par “parce que juif”, Ludovic Mendès, député de la majorité, estime que : « nous ne pouvons plus accepter qu’un juif ait peur de sortir de chez lui parce qu’il est juif ».
« Séparer la lutte contre l’antisémitisme de la situation en Israël »
Pour Philippe Spillmann, sa présence était une évidence. « Ça fait depuis 40 ans que je lutte contre l’antisémitisme, ma place était ici aujourd’hui. » Engagé avec la Ligue des droits de l’Homme, l’ancien enseignant « tourne dans les écoles depuis plus de 15 ans » avec une pièce de théâtre tirée de “Si c’est un homme” de Primo Levi. Une façon de parler de la Shoah et des actes antisémites à des élèves de tout âge. Il émet des réserves à l’égard du discours de Marc Cerf. « Le discours du représentant de la communauté juive est très communautaire. Je pense qu’il faut justement séparer la lutte contre l’antisémitisme de la situation en Israël. Il faut protéger les juifs de France indépendamment de ce qu’il se passe en Israël. »
Marc Cerf a profité de son discours pour régler des comptes. Qualifiant António Guterres, secrétaire général de l’ONU, de « président indigne », l’ONG Amnesty Internationale de « corrompue », le président du consistoire israélite de Moselle est allé plus loin en parlant de « l’islamisation des lycées et des universités ». Un discours non sans rappeler les tensions entre juifs et musulmans qui se sont accrues au cours du dernier mois.
Un message d’humanité
Plus tempéré, François Grosdidier a quant à lui rappelé le lien de sa ville avec la communauté juive. « Quand les vieux démons se réveillent, les juifs sont quasiment toujours les premiers visés. Mais attention, les premiers seulement, d’autres suivent toujours. » Il a appelé les messiens à l’unité et à la fraternité : « nous devons vivre ensemble dans le respect des croyances de chacun et des libertés de chacun. Ce sont les valeurs de la République. ». Dans un discours plus axé sur l’humanité, après avoir qualifié les attaques du 7 octobre de « premier pogrom depuis la fin de la Shoah », le maire de Metz a estimé qu’il ne s’agissait alors pas là « d’un crime de guerre mais d’un crime contre l’humanité ». Si pour lui, « la liberté est un combat quotidien », pour mener ce dernier, « le plus important c’est le message d’unité, d’humanité ».
Myrthille Dussert & Madeleine Montoriol